Auparavant, une bonne part du financement
des films provenait des distributeurs, qui assuraient la diffusion
dans les salles. Au moment où se montait le budget du film,
ils donnaient au producteur un minimum garanti, qui était un
à-valoir sur les recettes en salles.
Aujourd’hui, la part des salles a considérablement diminué et
c’est désormais les préventes du film aux télévisions qui constituent
la part la plus importante du financement : il est quasiment
impossible de monter un film sans une prévente à Canal+ et à
au moins une télévision hertzienne, alors que le tournage commence
souvent sans accord avec un distributeur. Deux exemples en ce
sens : le distributeur des Caprices d’un fleuve
n’a été trouvé qu’après 15 jours de tournage, sur visionnage
des rushes. Alors qu’en ce moment il ne parvient pas à monter
son nouveau projet, le premier long métrage d’un jeune auteur,
faute de trouver une prévente TV, malgré l’accord de principe
d’Elodie Bouchez et Aure Atika.
Le montage financier des films peut se faire en coproduction
avec l’étranger, mais inclut rarement les préventes dans les
territoires étrangers. Les produits de ces ventes sont en plus
destinés à rétablir l’équilibre financier le cas échéant ou
entrer dans le calcul des bénéfices.
ETAT DE LA PRODUCTION FRANCAISE
Environ 140 films sont produits
chaque année en France et parmi eux on recense en moyenne 35
premiers films. La part du cinéma français dans les salles représente
environ 28 à 35 % de la part de marché, suivant les années.
Cette production est très diversifiée, contenant à la fois des
films grand public tel qu’Astérix et des films d’auteur,
plus intimistes. Le cinéma français est donc à la fois capable
de se renouveler, tout en maintenant une part de marché, en
ce qui concerne les films locaux, nettement supérieure à celles
des autres pays européens.
L’AVENTURE DU MOMENT : Romance,
de Catherine Breillat
« J’étais intéressé par l’univers
de Breillat », raconte Jean-François Lepetit, « c’est
ce qui a motivé ma décision de le produire ». Pari risqué
vu le sujet, celui de la sexualité d’une femme. L’intérêt
de Lepetit résidait essentiellement dans le regard que pouvait
porter une femme sur ce thème et la traduction visuelle qu’elle
pouvait en faire. Dans sa réalisation, Breillat est restée
libre : sa seule contrainte était de veiller à ce que
le film ne puisse pas être classé X. « Dans ce genre
de risque, le producteur n’est pas le seul à se mouiller :
les acteurs et le réalisateur s’exposent aussi ».