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Paul Carpita (c) D.R. PAUL CARPITA
Réalisateur


Par Lydie FERRAN


À l’occasion d’une rencontre au Ciné-Club de Castres, Tarn, les 5 et 6 mars 1997


LA RENAISSANCE D’UNE PAROLE !

  Paul Carpita (c) D.R.

«Mais moi, je ne suis pas un cinéaste ! », dit Paul Carpita. Pourtant ses films prouvent le contraire. Mais c’est vrai qu’avant tout, c’est un homme qui porte un regard ébloui et libre, celui d’un « enfant », sur ses contemporains. Les films sont sa vie, son engagement, sans calcul ni arrière-pensée matérialiste. Ils sont le moyen d’exprimer ses convictions profondes et surtout, de parler en contant  d’abord l’histoire de ceux que l’on oublie, « les petites gens », les humiliés.

Paul Carpita, spontané, ému, une main sur la poitrine, nous confie : «Beh vous savez, le premier tour de manivelle des Sables mouvants a été ma guérison ». En effet l’histoire de cet homme n’est pas banale. Elle a commencé par un «avortement» avec Le rendez-vous des quais en 1955. Paul Carpita était alors instituteur (il l’est resté jusqu’à sa retraite). Il avait tourné une fiction sur les dockers de Marseille refusant d’embarquer des armes pour la guerre d’Indochine. La censure a frappé fort. Paul Carpita, en pleine projection de son film, fut arrêté. Le rendez-vous des quais disparut pendant plus de trente ans. Motif politique : «ce film est une saloperie. Vous tirez dans le dos de nos soldats qui se battent en Indochine…», lui assène-t-on. Pourtant le cinéaste affirme qu’il souhaitait avant tout, parler de la classe ouvrière, de gens simples et chaleureux.

Paul Carpita (c) D.R.

Le film fut retrouvé dans les années 80 aux Archives du Film, à Bois d’Arcy, en région parisienne, encore sous scellé mais hélas amputé de 15 minutes définitivement disparues.

Les sables mouvants, après cinq courts-métrages autour de l’enfance, est donc sa renaissance au cinéma ! C’est sans doute pour cela qu’il voue une telle passion à ses personnages qui sont le fruit d’une souffrance de quarante ans entre son premier film et ce tout dernier.

«Moi, ce que je voulais, c’est leur donner des racines, aller au plus profond de leur âme, qu’ils s’inscrivent dans leur histoire», s’exclame Carpita au sujet de ses protagonistes, et de poursuivre : « C’est pour ça, je ne voulais pas de travellings, de tout ça, juste une caméra à l’épaule pour être plus près des personnages »…

Après une longue recherche, le cinéaste a rencontré dans la réalité SES personnages, des acteurs qui avaient eu une histoire presque similaire. Le père de D. San Pedro jouant Manuel, nommé pour le Prix Michel Simon 1997, est arrivé d’Espagne en 1958 et dans les mêmes conditions que le personnage du film. Quant à l’acteur incarnant Mouloud, Carpita l’avait vu jouer en Avignon et ce fut la révélation, LE véritable personnage recherché.