LA RENAISSANCE D’UNE PAROLE !
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«Mais moi, je ne suis
pas un cinéaste ! », dit Paul Carpita. Pourtant ses
films prouvent le contraire. Mais c’est vrai qu’avant tout,
c’est un homme qui porte un regard ébloui et libre, celui
d’un « enfant », sur ses contemporains. Les films
sont sa vie, son engagement, sans calcul ni arrière-pensée
matérialiste. Ils sont le moyen d’exprimer ses convictions
profondes et surtout, de parler en contant d’abord l’histoire
de ceux que l’on oublie, « les petites gens », les
humiliés.
Paul Carpita, spontané, ému, une main sur la poitrine, nous
confie : «Beh vous savez, le premier tour de manivelle
des Sables mouvants a été ma guérison ». En effet
l’histoire de cet homme n’est pas banale. Elle a commencé
par un «avortement» avec Le rendez-vous des quais en
1955. Paul Carpita était alors instituteur (il l’est resté
jusqu’à sa retraite). Il avait tourné une fiction sur les
dockers de Marseille refusant d’embarquer des armes pour la
guerre d’Indochine. La censure a frappé fort. Paul Carpita,
en pleine projection de son film, fut arrêté. Le rendez-vous
des quais disparut pendant plus de trente ans. Motif politique :
«ce film est une saloperie. Vous tirez dans le dos de nos
soldats qui se battent en Indochine…», lui assène-t-on.
Pourtant le cinéaste affirme qu’il souhaitait avant tout,
parler de la classe ouvrière, de gens simples et chaleureux.
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Le film fut retrouvé dans
les années 80 aux Archives du Film, à Bois d’Arcy, en région
parisienne, encore sous scellé mais hélas amputé de 15 minutes
définitivement disparues.
Les sables mouvants, après cinq courts-métrages autour
de l’enfance, est donc sa renaissance au cinéma ! C’est
sans doute pour cela qu’il voue une telle passion à ses personnages
qui sont le fruit d’une souffrance de quarante ans entre son
premier film et ce tout dernier.
«Moi, ce que je voulais, c’est leur donner des racines,
aller au plus profond de leur âme, qu’ils s’inscrivent dans
leur histoire», s’exclame Carpita au sujet de ses protagonistes,
et de poursuivre : « C’est pour ça, je ne voulais
pas de travellings, de tout ça, juste une caméra à l’épaule
pour être plus près des personnages »…
Après une longue recherche, le cinéaste a rencontré dans
la réalité SES personnages, des acteurs qui avaient eu une
histoire presque similaire. Le père de D. San Pedro jouant
Manuel, nommé pour le Prix Michel Simon 1997, est arrivé d’Espagne
en 1958 et dans les mêmes conditions que le personnage du
film. Quant à l’acteur incarnant Mouloud, Carpita l’avait
vu jouer en Avignon et ce fut la révélation, LE véritable
personnage recherché.
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