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Oui, ce qui définit Paul
Carpita, c’est justement qu’il vit avec ses personnages et
ne fait plus la part de la réalité et de la fiction. Il redevient
même, à chaque projection de son film, un spectateur ému.
«Je n’aime pas Mercier !», dit-il en parlant de
l’un de ses héros. «J’ai de la compassion pour Roger car
finalement, c’est un humilié, exploité lui-même par Mercier…»
enchaîne-t-il. Ainsi parle Carpita !
« Et même, je vais vous dire quelque chose de bête, c’est
vrai ! Pendant qu’on tournait la scène du plateau d’huîtres
que tient la petite Mado dans Les Sables mouvants, je me suis
dit : « Elle a bien fait cette petite, il faut se
révolter contre Mercier, le patron ! » Et tous les
acteurs et techniciens qui m’entouraient se sont alors mis
à rire… ! »
Ou encore, le cinéaste, en revoyant pour la énième fois son
film, alors même qu’il l’a tourné avec cinquante-sept
techniciens dans une nuit artificielle, pleure lors de la
scène où Manuel, dans les roseaux, rejette Mouloud en lui
disant « qu’il pue »…
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Pour Paul Carpita, aucun
manichéisme mais toujours beaucoup de subtilité, de poésie
dans le réalisme. «On n’est pas fait d’un seul bloc»,
dit-il.
La chaleur de ses personnages, c’est Carpita lui-même, et
c’est d’ailleurs pour cela que des gens sont venus spontanément,
bénévolement, motivés, l’aider sur le tournage : figurants,
techniciens, artistes, dont le prestigieux Vladimir Cosma
qui a été bouleversé par l’homme, le film !
Carpita nous a confié les moments intimes de sa rencontre
avec le compositeur qui l’étonne encore aujourd’hui !
«La femme de Cosma ne reconnaissait plus son mari. Il composait
jour et nuit, enthousiasmé, ému !», confie Paul Carpita.
A travers des séquences de pure poésie, de bonheur, le cinéaste,
sans tomber dans le misérabilisme ni la complaisance mais
en faisant toujours pointer l’utopie, ce qui est essentiel
pour lui, nous parle de problèmes qui ont une résonance actuelle :
immigration, monde du travail, chômage, humiliations quotidiennes…
D’ailleurs le scénario des Sables mouvants s’intitulait
à l’origine : Les humiliés.
« Lorsque j’écrivais le scénario, dans les années
50, je m’imaginais une salle de cent personnes écoutant les
deux berceuses, arabe et espagnole, mêlées et je me disais :
« C’est beau d’entendre une berceuse arabe chantée par
un arabe et se dire ainsi que derrière cet adulte (Mouloud),
il y a avant tout un homme qui a été enfant. C’est donc un
être humain ! »…
C’est cela, Carpita, une déclaration à cœur ouvert !
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Paul
Carpita
a, depuis, tourné Les homards de l’utopie (été
2001). Sujet : les effets de la mondialisation
sur le petit commerce.
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1946 Vers la
lumière (docu)
1946
Rencontre jeunesse (docu)
1947
Nous voulons vivre (mm)
1948
Pour que nos joues soient toujours roses
(cm)
1950
Bandes d'actualités (actualités)
1951
Je suis né à Berlin (mm)
1953
Le Rendez-vous des quais
1956
Rencontre à Varsovie (mm)
1958
La Récréation (cm)
1960
Marseille sans Soleil (cm)
1962
Demain l'amour (cm)
1964
Des lapins dans la tête (cm)
1964
Graines au vent (cm)
1966
La visite (cm)
1970 Adieu
Jésus (poème cinématographique)
1972
Les fleurs de glai (cm)
1995
Les sables mouvants
2001
Les Homards de l'Utopie
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