UN
PONT ENTRE DEUX RIRES
Avant la projection publique de son dernier film, Comme
une bête, au festival de Sarlat, Patrick Schulmann a laissé
s’échapper quelques larmes...
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Cette émotion discrète,
après 10 ans d’abstinence cinéma, accompagnait la mise à flots
de cette fable humaniste qui, de Bornéo à Marseille et sous
les traits de Sagamore Stévenin, illustrait une idée chère
à Patrick : les similitudes entre l’homme et l’animal.
Pourtant, une fois sur scène, il n’a rien laissé paraître
de cette émotion : il a parlé tranquillement des orangs-outans,
de Dieu et du cinéma...
Il n’était pas à un paradoxe près...
En fait, ses films ne lui ressemblaient pas : déroutants (toujours),
vulgaires (parfois) ils étaient aussi échevelés que leur auteur
était précautionneux, professoral presque... Patrick, comme
les héros de P.R.OF.S, avançait masqué.
C’est lors de la promo de ce film que je l’ai rencontré en
1985, à Toulouse.
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Jeune journaliste, j’avais
été frappé par la tournure de la rencontre : loin d’une simple
goguette promotionnelle, Patrick voyait l’entretien comme
l’occasion de capter les réactions d’autrui. D’écouter autant
que de parler. Comme le tailleur de bonsaïs qu’incarnait Fabrice
Luchini dans Les Oreilles entre les dents.
Dans ses meilleurs moments,
le cinéma de Schulmann était le mariage réussi de Bunuel et
des Monty Python. Il y avait quelque chose d’alchimique, de
faussement léger. Comme une bête (dont il serait bon
de voir un jour la version longue) était plus proche de Boris
Vian que de la superproduction Warner qu’il était pourtant...
Ce mélange des genres aurait sûrement été mieux accepté outre-Manche,
ou dans la B.D, plus friande de ce qui est hybride.
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