Café des Arts à Aubagne, juste à côté
du cinéma Le Pagnol, entre deux programmes de courts-métrages
que Stefano Cassetti doit visionner pour assumer son rôle de
membre du jury. Cheveux courts, barbe de trois jours, l’acteur
italien rendu célèbre et césarisé (meilleur espoir masculin)
pour son interprétation du tueur en série Roberto Zucco dans
le film pratiquement homonyme de Cédric Kahn explique, touchant
de timidité et d’humanité, les raisons qui l’ont mené à s’éloigner
des plateaux de cinéma, et celles qui l’ont poussé à y revenir.
Avec à la clef un petit rôle dans le très attendu au tournant
Michel Vaillant de Louis-Pascal Couvelaire et des prestations
plus conséquentes dans trois films italiens qui sortiront en
France dans les mois qui viennent. Un nouveau départ pour cet
acteur vraiment pas comme les autres.
Stefano Cassetti est beau. Il est
des vérités qui dépassent la prégnance des affinités sexuelles.
Pas besoin d’être un homme qui aime les hommes pour se rendre
compte que ce bientôt trentenaire a plus de charme que la
moyenne. Et puis, si vous ne vous en rendez pas compte par
vous-mêmes, les réactions et les commentaires de l’environnement
féminin au passage de l’interprète du Roberto Succo
de Cédric Kahn vous mettront de toute façon sur la voie.
Mais Stefano Cassetti est heureusement pour lui et pour
les cinéphiles bien plus qu’un physique. Une heure et demie
passée en sa compagnie et vous voilà scotché comme rarement
par la sympathie de l’individu et la cohérence de l’acteur.
Parce que Stefano Cassetti est bel et bien un acteur, et
non une espèce de comète médiatique comme certains journalistes
le redoutaient à la sortie de Roberto Succo. « Stefano
Cassetti est-il devenu un acteur ? […] Le restera-t-il ?
Que fera-t-il de l’engouement qui va prendre autour de son
nom ? », s’interrogeait ainsi, en septembre
2001, Laurent Rigoulet dans Télérama.
Ces questions étaient légitimes vu le nombre de stars sacralisées
avant terme et retournées bien vite dans un anonymat qu’elles
n’auront quitté que l’espace de quelques mois, de quelques
films. Il faut dire que le cinéma et le monde médiatique
qui l’enserre si fort que parfois il l’étouffe, raffole
de ces parfaits inconnus qui apparaissent à l’écran alors
que rien ne les prédisposait à passer devant la caméra.
Ces belles histoires entretiennent le rêve, la magie d’un
art où la promotion sociale paraît encore possible, d’un
art qui permet par une simple rencontre dans la rue ou sur
la plage de quitter un statut d’inconnu qui semble ne plus
convenir à grand monde. Dernier cas en date de cette folie
journalistico-cinématographique aux crises aussi brèves
que régulières, de cette fascination pathologique pour ces
acteurs malgré eux : le tohu-bohu entretenu autour
d’Esther Gorinthin, l’une des trois héroïnes de Depuis
qu’Otar est parti, très joli film de Julie Bertuccelli.
Télés, radios et presse écrite se sont rués betacam sur
l’épaule, micro ou stylo à la main, pour raconter l’histoire
de cette vieille dame devenue actrice par hasard.