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A presque trois ans d’intervalle,
l’histoire de Stefano Cassetti relève du même processus.
En 2001, lors du Festival de Cannes, il était l’égérie du
moment. « Cannes, c’était un tourbillon pas possible,
des fêtes, des soirées tout le temps », raconte-t-il
rétrospectivement fasciné et dégoûté par tout ce barnum.
Les flashs crépitent, les interviews se succèdent. Toujours
les mêmes questions, la même fixation sur son physique,
sur ses yeux bleus. « Ca ne me gênait pas, ça faisait
partie du jeu », dit-il. « Et puis, depuis
tout petit, on me parle de mon regard, donc je finis par
y être habitué. » Mais face à la nécessité de se
répéter, de raconter toujours et encore la même chose, le
jeune italien a trouvé des parades plutôt rigolotes :
« Les journalistes me demandaient toujours de faire
le récit de ma rencontre avec Cédric Kahn, des circonstances
qui m’avaient amené à devenir l’acteur principal de son
film alors que je n’étais qu’un étudiant. Mais comme je
n’avais pas envie de dire comment cela s’était réellement
passé, je disais la vérité à 50% ou à 20% suivant les
interviews. » D’où les contradictions qu’on
repère aujourd’hui dans les articles publiés à l’époque !
Après le malstrom cannois, Stefano Cassetti a eu envie de
passer à autre chose, de retourner en Italie, de reprendre
son métier de designer, de renouer avec sa passion de la
vidéo qui l’avait amenée en 1997 à réaliser un documentaire
en Mongolie avec ses camarades. Ce n’est pas qu’il remettait
en cause ce qu’il qualifie d’« expérience fantastique »,
mais Roberto Succo et tout ce qu’il l’a entouré c’était
peu être trop d’un coup, un peu trop soudain : « Sur
le tournage, j’avais peur de mettre le film par terre, de
ne pas être à la hauteur, c’était mon cauchemar. »
Une fois que le film a été lancé, grignoté par le stress,
Stefano Cassetti avait besoin de prendre le large, de retrouver
ses amis, d’être aussi loin que possible de l’objectif d’une
caméra. « Pendant dix mois, j’ai pensé ne plus jamais
faire de cinéma. Et puis, début 2002, l’envie est revenue,
les mauvais souvenirs s’étaient estompés, l’amour du jeu
était plus fort », raconte-t-il. Malheureusement, son
désir de retrouver la lumière des projecteurs ne s’est pas
concrétisée de suite, « à cause de problèmes avec
mon agent ». En effet, les propositions des réalisateurs
ne lui parvenaient pas. Résultat : en un an, il ne
décroche qu’un tout petit rôle dans Michel Vaillant,
long-métrage de Louis Pascal Couvelaire et nouvelle production
de Luc Besson.
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Finalement, le déclic interviendra
avec le remplacement de son agent, « pour lequel
il n’éprouve aucune colère ». Stefano Cassetti
tourne successivement dans trois films italiens : Maledetta
Liberta de Valerio Ialongo, le portrait de jeunes adolescents
placés dans une maison de correction où il interprète le
rôle d’un assistant social, Memmeno il destino de
Daniele Gaglianone, l’histoire « plus tournée vers
la comédie » d’un détenu qui vit en semi-liberté,
et Nordest, il vecchio e il cinese de Rodolfo Bisazzi,
une réflexion sur le rapport entre l’art et l’argent dans
laquelle il tient le rôle principal. « En ce moment,
je reçois plus de propositions intéressantes venant d’Italie
que de France, alors que d’habitude c’était plutôt le contraire »,
constate-t-il avec une pointe de regret dans la voix. Car
à côtoyer Stefano Cassetti, il paraît clair qu’il aimerait
faire ses preuves dans le cinéma français. Pour réaliser
ce rêve, il prévoit de quitter prochainement son Italie
natale et de s’installer avec femme et enfant à Nice afin
de perdre un accent qui lui ferme encore des portes, qui
lui empêche d’obtenir certains rôles. D’ailleurs, les seuls
cours en rapport avec l’exercice du métier d’acteur qu’il
a suivi depuis Roberto Succo, ce sont des cours de
diction.