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Vincent Dieutre (c)D.R. VINCENT DIEUTRE
Réalisateur
Par Nicolas RICHARD
 


Un cinéaste européen, n’est-ce pas celui dont le public des festivals de cinéma européens attend chaque année avec curiosité la dernière production ? Si l’expression en soi ne revêtait pas une connotation bureaucratique, Vincent Dieutre, cinéaste du voyage intime et politique, habitué des festivals de cinéma, notamment ceux de Berlin et de Locarno, avec Leçons de ténèbres et Mon voyage d’hiver, pourrait correspondre à une définition de cinéaste européen, car il reste presque plus connu des festivaliers allemands que du public français. Si Bonne Nouvelle, voyage à travers l’histoire intime et  l’histoire politique du cinéaste dans le quartier parisien du 10e arrondissement, a été diffusé sur Arte, le reste de ses films, en attendant avec impatience une édition dvd, connaît en France une diffusion plus restreinte dans le circuit classique, comme si la salle de cinéma devenait un espace trop confiné pour certaines œuvres audiovisuelles hybrides conçue dans une économie de production qui allie geste artistique et geste politique.

Mon voyage d'hiver(c) D.R.

Mon voyage d’hiver, deuxième long métrage de Vincent Dieutre qui a depuis terminé Bologna centrale (ce film documentaire issu d’une émission radio de France-Culture va être projeté en Italie), a pourtant été pensé dans la perspective de la diffusion en salle de cinéma, lieu qui selon Dieutre permet encore un accès à des émotions uniques. Dans sa démarche de cinéaste proche de l’art contemporain dans lequel l’écran unique de la salle de cinéma cède le plus souvent la place à des dispositifs  vidéos aux écrans séparés, Dieutre entrecroise toujours plusieurs régimes d’images (vidéo et pellicule) et plusieurs niveaux d’histoires (artistique, historique, et intime). Dans Mon voyage d’hiver, Dieutre travaille par superposition et contrepoint, son rapport à l’art contemporain ne se jouant pas uniquement sur le rapport à l’intimité et à la mise en jeu de personnes réelles mais aussi dans la construction d’un dispositif-réceptacle des personnes et des œuvres d’art qui infusent le film. Que ce soit dans Leçons de ténèbres ou dans Mon voyage d’hiver, second volet d’une trilogie annoncée dont le prochain film se passera en Angleterre, le cinéaste met en scène un rapport aux autres arts (musique classique, peinture, littérature) qui devient la métaphore de la fonction cinéma comme creuset des bruits de monde et de soi. Pourquoi inventer des fictions quand elles existent déjà en nous et autour de nous dans les musées ? semble se dire le cinéaste.