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Emmanuelle Seigner (c) D.R. EMMANUELLE SEIGNER
Actrice
Propos recueillis le 12 décembre 2003
Par Hélène ZEMMOUR


PORTRAIT D’UNE FEMME FORTE

On la savait professionnelle, mais on ne l’imaginait pas aussi naturelle, Emmanuelle. En jean et blouson, pas maquillée, elle rayonne. Emmanuelle Seigner, il faut préciser. Car en plus de porter un prénom déjà utilisé dans le cinéma, son nom ne l’aide pas forcément à se faire identifier : « les Américains ne sont pas fichus de le prononcer, les Français confondent avec Sagnier (Ludivine)». Alors quand ils ont voulu la faire changer de nom lors du lancement de Frantic en 1988 pour la rebaptiser « Emmanuelle Jones », elle aurait dû dire oui, pense-t-elle aujourd’hui. Puis lorsque sa sœur Mathilde a commencé dans le métier, elle a souhaité garder son nom… « après, c’était trop tard ».

  Laguna (c) D.R.

C’est vrai qu’avec le récent tournage de Laguna, un film italien réalisé par Denis Berry pour la prestigieuse chaîne de télévision américaine HBO, et Les Immortels, de Vasconcelos, film pour lequel elle s’est mise au portugais de manière phonétique sans trop comprendre ce qu’elle disait, il faut reconnaître que l’actrice sait faire rimer carrière et international. La sélection de ses films est essentielle, car Emmanuelle n’est pas de ces actrices qui apprennent leurs textes au maquillage ; non, elle veut pouvoir s’y donner entièrement : « ça prend tellement de temps de faire un film !» Il faut en avoir envie, sinon c’est une perte de temps, et quand on a deux enfants comme elle, il est bien normal de devoir de s’organiser.

En ce moment, c’est un peu exceptionnel, la comédienne cumule cinéma et théâtre. Il y a le tournage de Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants, une comédie d’Yvan Attal, qui se termine tout juste : « Les Américains ont adoré Ma femme est une actrice, c‘est un humour qui leur parle », s’étonne-t-elle, « et puis ce film a énormément de  charme ». On ne l’attendait pas dans cette comédie où le tournage est une suite d’éclats de rire. Ce n’est pas de changer de répertoire et passer du drame à la comédie légère qui lui a semblé difficile, « ça c’est juste du métier » explique-t-elle modestement, « mais c’est de rester concentré avec un Alain Chabat sur le plateau… ! ». Le choix peut surprendre, elle le défend, comme tout ce qu’elle fait, avec cœur et fermeté : « ce film m’a paru un évidence, je ne pouvais pas dire non ». Après de telles journées, Emmanuelle enchaîne avec les représentations de Hedda Gabler, la pièce de Henrik Ibsen, mise en scène par Roman Polanski au théâtre Marigny depuis le 7 octobre 2003. Ce rythme effréné s’achève avec la fin de l’année, c’était « physiquement épuisant » : à voir comme, sur la scène parisienne, elle incarne avec prestance Hedda, cette femme grave et passionnée, une nature forte comme elle, on la croit sans mal.