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Staréwitch horloger

  L'Horloge magique (c) D.R.

Le troisième film du programme, qui a donné son nom à la trilogie, illustre bien le caractère de Staréwitch, selon Xavier Kawa-Topor. “ Le film-titre de ce long métrage, L’Horloge magique, est une projection de lui-même : cet horloger qui fabrique en secret un monde dont il entend être le maître, c’est effectivement lui. La parabole sur la maîtrise du temps dénote également l’esprit d’un réalisateur d’animation : en arrêtant le temps image par image, il recrée un temps artificiel. L’horloge, comme le cinéma, est aussi une machine à remonter le temps. ”

Le motif de la mécanique, comme la présence de Nina Star, sont récurrents dans les trois films, qui conservent pourtant une personnalité bien différente. La jeune actrice (qui a parfois été comparée à Shirley Temple pour son charisme naturel, NDLR) a également un rôle central, note Kawa-Topor. “ Elle joue des personnages différents, mais elle a toujours la fonction de passeur entre réalité et onirisme. Elle est vraiment l’Alice aux pays des merveilles de Staréwitch. ”

“ L’histoire de Nina
(qui est le pseudo de l’actrice, mais aussi le nom du personnage dans l’Horloge magique, NDLR) est celle d’une jeune fille qui se rebelle contre son père, arrête le mécanisme régissant tout son univers bien huilé et va vivre sa propre vie ”, analyse Xavier Kawa-Topor. “ En d’autres termes, l’adolescente décide d’arrêter de faire partie de l’univers de son père. C’est d’ailleurs le dernier film de Staréwitch dans lequel apparaît Nina Star. ”

L'Horloge magique (c) D.R.

“ Ce qui est significatif, c’est que Staréwitch lui-même montre le départ de Nina et son propre accord. Une fois qu’elle casse l’horloge, il essaie encore de la faire entrer dans un univers plus large, celui des rêves et de la nature, dans lequel il réconcilie tout le monde. C’est vraiment le grand ordonnateur, presque un démiurge ! ”

Malgré ce pouvoir de magicien omniscient et omnipotent, Staréwitch était aussi un libre penseur, dont les films ont souvent été censurés pour leur côté satirique et leur sexualité à peine voilée. Il plaît donc autant aux adultes qu’aux enfants, car son esprit vif concocte des rebondissements spectaculaires et amusants et des moments d’une poésie touchante.

“ Le cinéma de Staréwitch fonctionne très bien auprès des enfants car c’est avant tout un très grand conteur. Il fait du cinéma parce qu’il a des choses à raconter, et son univers a une force particulière parce qu’il est chargé d’onirisme ”, explique Kawa-Topor, qui est chargé de la programmation Jeune Public au Forum des images.

A Noël 1934, le succès de la série des aventures de Fétiche, un petit chien créé par Staréwitch fait s’interroger  le Figaro : “ Mickey va-t-il avoir un concurrent ? ”, écrit le quotidien. La réponse sera non, et pour plusieurs raisons, à commencer par son caractère. “ Staréwitch est fondamentalement libre ”, note Xavier Kawa-Topor en qualifiant sa production d’ “ œuvre d’auteur pure et dure ” dictée par un plaisir si fort de faire des films qu’on le perçoit presque à l’écran.