LE BONHEUR EST DANS LE JEU !
La clope au bec, les cheveux en
bataille et le regard pétillant, Loïc Corbery, vingt-sept
ans, un brin en retard, me propose de réaliser cet entretien
dans sa loge du Théâtre Montparnasse. Il y joue actuellement
Le Jour du destin de Michel del Castillo, pièce inspirée
d’un épisode de son propre roman « La Nuit du décret ».
Loïc Corbery incarne le jeune inspecteur Laredo, idéaliste
et fervent admirateur de Pared (l’implacable Michel Aumont)
qui vient d’arrêter un militant anarchiste réputé, Puig (Christophe
Malavoy) dans l’Espagne franquiste de 1950. Un rôle âpre,
austère, en somme, un vrai défi de théâtre pour ce jeune comédien
qui confesse lui-même une nature enthousiaste et volubile
et qui n’hésite pas à la fin de la pièce à s’extérioriser
avec une belle énergie : « Ça c’est moi totalement
(rires). Des réminiscences du cinéma de cape et d’épée.
Ce n’est pas compliqué, quand il y a une table sur un plateau,
je saute dessus à un moment donné, je ne peux pas faire autrement.
(rires).
|
 |
|
|
Et ce bonheur du jeu ne date visiblement
pas d’hier : « Je suis né à Avignon et j’y ai passé
toute mon enfance. Donc forcément le festival ! Et
puis j’avais des parents qui étaient très portés sur la
question et qui allaient voir tous les spectacles du festival
« in ». Ma mère me traînait avec elle dès l’âge
de sept, huit ans à courir dans le Palais des Papes. Je
crois que ça vient de là… »
Très vite, Agnès Varda, la fée du cinéma se penche sur
son berceau et lui propose, par un étrange hasard, un petit
rôle dans un court métrage : « Quand j’avais
six ou sept ans, je visitais un musée à Avignon avec ma
mère et je passais par hasard à côté du tournage. Agnès
Varda m’avait alors arrêté et « kidnappé » pendant
toute l’après-midi pour tourner avec elle » ?
Cette première expérience le pousse à s’inscrire
dans un atelier de théâtre où l’apprenti comédien se sent
d’instinct comme un poisson dans l’eau entre les textes
classiques qu’il dévore et la joyeuse bande de potes qu’il
se constitue très rapidement.
Le bac en poche, Loïc Corbery décide de se donner du temps
pour le théâtre, « histoire de ne rien à avoir à regretter
plus tard… » Il monte alors sur Paris et s’inscrit
au cours Périmony où il suit pendant deux ans une formation
théâtrale très riche (en plus du jeu, on propose aux
élèves des cours de chant et d’escrime) : « Et là
je me suis régalé avec encore de nouveaux potes… Une vraie
vie de famille que je vis avec eux encore aujourd’hui, d’ailleurs. »