Cette violence des échanges en milieu
tempéré, Jean-Marc Moutout ne la ressent pas tout de suite
puisqu’il naît à Marseille, et tout naturellement, se tricote
une passion pour la comédie et le théâtre : « Ce
déclic pour le cinéma s’est produit, il y a longtemps maintenant,
mais assez tard en fait. Je voulais être comédien : j’ai
donc commencé le théâtre très tôt, très jeune. J’en ai fait
un peu toute ma jeunesse en gros, en parallèle d’études traditionnelles.
Et à un moment, quand je me suis intéressé au cinéma pendant
mes études, ce fut le déclic pour arrêter la comédie et concilier
le tout en me disant que derrière, c’est encore plus intéressant
que devant, et que je verrais bien si j’ai envie d’être comédien
après. J’ai donc fait des études dans une école de cinéma
dès l’âge de vingt ans. Pas vraiment les 400 coups, mais il
y avait le théâtre, le jeu quand même ! », confie-t-il
en souriant.
A l’âge de vingt ans, donc Jean-Marc
Moutout suit une formation de quatre ans à l’IAD, l’école
de cinéma belge, où il apprend tout simplement tout !
« Je me souviens que je râlais tout le temps, que
je n’étais jamais content et en même temps, si je ne l’avais
pas fait, je ne pense pas que j’aurais continué. C’est un
long processus qui permet de savoir un peu mieux ce qu’on
fait, comment on le fait, et nous aide aussi à se laisser
confronter au regard des autres. Si vous faites un premier
court-métrage à vingt ans, avec des bouts de ficelle et que
ça ne marche pas, c’est souvent une rupture définitive. Alors
que dans mon cas, vous avez eu le temps d’en faire plus, d’en
faire plus longtemps et indépendamment. Et ce regard des autres
n’est pas considéré comme une sanction. Et ça c’était vraiment
important et je pense que cela m’a beaucoup aidé. »
Cette « violence des échanges… », Jean-Marc
Moutout va finalement la ressentir de plein fouet en 1993,
à son retour d’Angleterre et à la fin de ses études de cinéma :
« j’avais vraiment besoin de bosser pour concilier
mes études et ma vie à l’étranger et je me suis inscrit à
une boîte d’intérim. On m’a dit que je ferais des déménagements
et c’était, en fait, une liquidation judiciaire ! Donc
voilà, je me suis pris ça en pleine tronche dès mon retour
en France, avec cette nouvelle situation socioéconomique assez
déplorable. » De cette expérience naît le désir d’écrire
et trois ans plus tard, Jean-Marc Moutout parvient à mettre
en scène cet évènement autobiographique dans son premier court
métrage Tout doit disparaître ! , qui est
nommé un an plus tard pour le César du meilleur court métrage.