Dans son moyen métrage Electrons
statiques, son personnage principal se retrouve au chômage.
A travers la recherche d’un emploi filmé dans sa quotidienneté
la plus banale, le réalisateur dénonce la solitude et l’exclusion
qui frappent le chômeur. On peut ainsi y voir une filiation
flagrante avec Violence des échanges en milieu tempéré
qui, malgré le choix d’une branche socioprofessionnelle aisée
(celle des consultants), va cristalliser autour du personnage
principal (incarné avec beaucoup de justesse par Jérémie Rénier),
ce triste constat de solitude inhérent au monde du travail :
« Ce sont des personnages qui sont confrontés individuellement,
qui ont des choix à faire individuels sur leurs destins, qui
sont souvent dans mes films plongés dans un milieu où il y
a beaucoup de monde et où le personnage vit une sorte de repli
sur soi, car l’être humain vit dans cette difficulté d’échange
avec les autres, » souligne Jean-Marc Moutout.
Chez ce dernier, le thème du travail est finalement la clé
de voûte de son inspiration de scénariste et de réalisateur :
« parce que c’est le centre de nos vies. Si on est ici
aujourd’hui, c’est que l’on est en situation de travail. C’est
le pilier central de notre existence. A partir de là, on construit
énormément nos identités, notre vie sociale. Par conséquent,
c’est l’occasion de mettre en scène plein d’histoires. Et
c’est cet aller et retour entre l’individu et le social qui
m’intéresse et le travail, entre autres, est au confluent
de cela. »
Violence… parle également du
masque social que choisit progressivement de porter son personnage
principal : « La situation professionnelle s’est
durcie, comme une conséquence de la société de chômage. Et
cela a des conséquences sur une forme de précarité, à l’intérieur
du travail : il y a une peur qui s’est installée, une
concurrence plus forte et donc ça change les rapports humains :
plus d’hypocrisie, plus de docilité, de crainte en général. »
L’attention de Jean-Marc Moutout s’est également portée
sur le choix de ses comédiens : « le dialogue
sur les personnages avec les comédiens est très important.
Chacun arrive avec son expérience, son habileté, ses tics
ou pas, ses peurs de la caméra ou non et donc il faut le comprendre
et l’accompagner. Laurent Lucas a travaillé son rôle
beaucoup plus en amont, du fait de son rôle de personnage
secondaire, à partir de ce qu’on s’est dit ensemble et de
quelques lectures. Il est arrivé sur le plateau assez précis
dans ce qu’il devait être. Et avec Jérémie Rénier, ça s’est
travaillé plus quotidiennement sur le plateau, scène à scène. »
Avec Violence des échanges en milieu
tempéré, preuve en est que, ce que l’on pourrait nommer fort
à propos, « la petite entreprise de Jean-Marc Moutout »
s’est mise en place sur des bases solides, mêlant habilement
fiction et réalité, à l’image de son réalisateur, à la fois
humaniste et réaliste.
1996Tout doit disparaître ! 1998Electrons statiques 2000Le Dernier Navire (documentaire) 2002Libre circulation (téléfilm) 2003Violence des échanges en milieu tempéré