Spéculons, oui, spéculons un peu sur ce que contiendrait ce
fameux carnet de notes dont Clément Sibony nous avoue l’existence,
depuis qu’il joue aux côtés de Clotilde Courau et Judith Magre,
dans la pièce de George Bernard Shaw, La Profession de Madame
Warren, actuellement à la Comédie des Champs-Elysées :« J’avoue que ma seule expérience de théâtre, qui était
un monologue, diffère bien d’aujourd’hui où je me retrouve face
à des gens comme Jacques Boudet, ou Judith Magre qui ont été
très généreux avec moi, me parlant, me donnant des tuyaux, des
petites choses. Eh bien, j’en profite pour me nourrir de ça,
d’où le carnet de notes ! C’est quand même très agréable
de croiser la route de gens comme Judith, qui est un monstre
sacré ! »
Jacques Boudet, que le grand public a
découvert dans les films de Guédiguian, fait remarquer justement
à Clément Sibony « que quand on a quelque chose d’évident
à jouer, il faut aller vers son contraire. C’est vrai que
c’est bien parce que c’est comme ça qu’on évolue aussi parfois
dans la vie : parfois on réagit d’une certaine une manière
et après on se dit que l’on n’aurait jamais pensé l’avoir
pris comme ça. On se surprend. Je crois qu’il faut toujours
chercher et ne jamais s’arrêter au premier choix… »
Pas facile, en effet de se lancer à corps perdu dans un
rôle au théâtre, quand on vient en premier lieu du cinéma.
« J’ai toujours voulu faire du théâtre. J’ai passé
pas mal d’auditions où l’on me disait : « Vous n’avez
pas fait le Conservatoire, vous n’avez pas fait Blanche, vous
n’avez pas une articulation parfaite, votre voix, c’est pas
encore ça. » Alors, je leur répondais : « Je
ne suis jamais monté sur scène alors comment voulez- vous ?
C’est normal. Ce n’est pas inné. »Et à force
de dire que je voulais faire du théâtre, une amie m’a donné
un texte qui s’appelait Le Phare. C’était un monologue. Je
l’ai joué. J’ai trouvé un producteur et le metteur en scène,
Nicole Aubry, qui a bossé vingt ans avec Peter Brook, travaille
maintenant avec Irina Brook, une femme exceptionnelle. Elle
conçoit le théâtre comme moi je le conçois… »