Zoé a vingt-sept ans, des cheveux et des yeux bruns d’amoureuse.
Découverte en 1998 dans Déjà Mort d’Olivier Dahan, un
film plutôt sombre, Zoé Felix a su passer du côté comique, et
non des moindres, puisqu’elle a joué Dina dans la Beuze,
avec le bouffonesque Mickaël Youn et Cécilia dans l’Incruste,
une comédie avec Titoff et Frédéric Diefenthal, sortie fin mars
2004. Elle n’a pas eu peur, pas plus qu’au début, parce qu’elle
n’avait tout simplement pas prévu d’être comédienne. Elle qui
joue si peu, qui ne ment pas dans la vie, ni ailleurs, a bien
du mal à se ranger sous l’étiquette « actrices »,
tellement connotée. Et même aux côtés de « Gégé Darmon »,
où elle fait chavirer Le cœur des hommes, elle s’est
contentée d’être juste, de ne pas en faire des tonnes, puisque
le film tenait déjà presque tout seul. Face à de grandes pointures,
Zoé se fait toute petite. Elle se demande encore ce qui lui
vaut ses « coups de bol », elle qui n’a jamais transpiré
dans les cours de théâtre, les salles de gym, elle qui n’appartient
en rien au « monde des actrices ». Avec une modestie
innée qu’elle masque parfois sous des airs de nonchalance, Zoé
croit que le cinéma…. « ça n’est jamais que du
cinéma ». Les caprices de star, les filles qui jouent
les difficiles, ça n’est pas pour elle. Cette parisienne vit
dans le dix-neuvième arrondissement, paie un loyer, fait la
queue aux assedics pour calculer ses heures de travail, prend
le métro et la vie comme elle vient. Rencontre avec cette fille
toute simple, que rien ne différencie de la jolie serveuse qu’elle
incarne parfois dans la réalité de l’entre-deux tournages. Sinon
le talent, peut-être, à l’état brut.
« Je fonctionne au feeling »
affirme-t-elle d’instinct, sans théâtralité. Voilà qui résume
assez bien les choix de vie de la comédienne. Et son instinct
lui dit d’aller vers des histoires gaies, fraîches, un cinéma
qui n’a plus rien à voir avec les films torturés…ras le bol
des castings où l’on prend les filles pour des numéros, Zoé
est unique et compte bien qu’on la choisisse pour ça. Pour
son premier long métrage, Marc Esposito lui a fait confiance
d’emblée, sans la soumettre à d’innombrables essais, et le
tournage n’en a été que plus détendu, « on a pu se
lâcher parce que l’on sentait que c’était solide derrière ».