Mais le problème majeur de Mimi
se situe ailleurs : dans sa finalité, si une telle expression
a un sens en matière de cinéma. Un documentaire doit servir,
selon l'étymologie latine, à instruire. Que nous apprend Mimi
? Pas grand-chose, sinon rien. Il nous divertit comme pourrait
le faire le dernier Schwarzenneger. Cette faillite du sens
s'explique en partie par le choix du personnage principal.
Ce n'est pas Mimi Chiola qui est en cause, mais plutôt la
relation amicale qu'elle entretient avec la réalisatrice.
Dans 800 km de distance romance, Claire Simon filmait
sa fille. Dans Mimi, elle filme son amie. Ce côté “ film
de famille ” est assez dérangeant. Dérangeant parce que
cette logique de proximité peut à terme déboucher sur n'importe
quoi. Qu'est-ce qui empêche en effet de passer son film de
vacances sur grand écran, de faire payer la place à des spectateurs
crédules et d'appeler cela du cinéma ? Dérangeant aussi parce
que le genre du documentaire et en particulier celui du portrait
nécessite une certaine distance par rapport à la personne
mise en lumière.
Les portraits journalistiques ou picturaux
les plus réussis sont ceux dont les auteurs ne connaissaient
pas au préalable leur interlocuteur ou leur modèle. Bien sûr,
les autoportraits de Van Gogh ou de Matisse semblent réfuter
cette affirmation. Mais si on les compare aux cohortes de
tableaux conçues à partir d'inconnus, on voit bien qu'ils
sont quelque peu marginaux. L'imagination et le fantasme sur
des personnes qu'on ne connaît pas et qu'on apprend à cerner
par de longues heures de poses ou d'interview démultiplie
l'intérêt des œuvres produites.
En tuant la distance entre le documentaliste et son sujet,
Claire Simon perd la force du regard neuf et justifie les
craintes suscitées par le boom numérique. Les films utilisant
cette nouvelle technologie se multiplient, mais très peu valent
le détour. En effet, l'intimisme creux et le nombrilisme triomphant
qui les caractérisent n'apportent pas grand-chose aux spectateurs
et au cinéma. Mimi est un long-métrage parfois intéressant,
parfois soporifique, mais c'est surtout un film “ vite
vu, vite oublié ”. Un peu comme tous ces navets hollywoodiens
qui inondent par vagues nos écrans européens. Et pouvoir faire
une telle comparaison est quand même un comble pour une démarche
cinématographique qui respire tant le freudisme et l'intellectualisme
façon Quartier Latin.
Titre : Mimi Réalisatrice : Claire
Simon Actrice : Mimi Chiola Distribution : Pirates
Distribution, France Compositeur : Diego
Origlia, Mohammed Mokhtari Directeur de la photographie
: Claire Simon Ingénieur du son :
Pierre Armand Chef monteur : Claire
Simon Producteur : Gilles
Sandoz Production : Maïa
Films Durée : 1h 47mn Sortie : 09 avril
2003 Date : 2002