Mais là où le sujet aurait pu être traité
uniquement sur un ton dramatique, Valeria Bruni-Tedeschi choisit
de conserver dans l’ensemble de son film une tonalité légère,
fantasque et décalée. Les passages où Federica songe à certains
épisodes marquants de son enfance sont joyeux, enlevés, à l’instar
de cette séquence marquante, le rapt de Federica par des ravisseurs
révolutionnaires, qui conserve malgré tout un ton de comédie
joyeux et délirant. L’enfance de l’héroïne est donc associée
à la fois à la joie, dans sa relation avec son père qui lui
montre sa préférence (au grand dam de sa jeune sœur), et dans
celle que lui procure ses jeux avec son frère et sa sœur. Cette
gaieté enfantine va peu à peu s’estomper dans la vie adulte
de Federica, et c’est ce retour à la gaieté et à la liberté
que souhaite Federica à travers ses rêves : « A un moment,
un des enfants demande « on joue à la vie ? ».
C’est aussi ça que j’ai voulu raconter. Comment les différents
aspects de la réalité se confondent, le présent, les souvenirs,
les rêves éveillés, les pièces de théâtre. Comment il n’y a
pas plus de réalité dans un événement soi-disant « réel »
de notre vie quotidienne, et un fantasme qui nous traverse ou
une obsession qui nous envahit », commente Valeria Bruni-Tedeschi.
Les comédiens comme
Denis Podalydès, Yvan Attal, Lambert Wilson, Emmanuelle Devos
tirent les personnages vers la comédie.
« Je voulais être au plus près de ce que je ressens dans
la vie, de ce que les autres provoquent chez moi, un mélange
de gaieté et de tristesse. Le sentiment du tragique. Le personnage
de Jean Hugues Anglade est peut-être le plus sérieux de tous.
Pourtant, il y a quelque chose chez lui de fragile, d’instable.
Il dit haut et fort ce qu’il pense, et en même temps il ne
trouve pas ses mots, il bégaye, il perd pied. Il y a une contradiction
très drôle et émouvante pour moi, entre le sérieux de son
discours, et la force de ses émotions », déclare la réalisatrice
à propos de l’écriture de ses personnages.
En somme, cette comédie « franco-italienne » est un premier
film réussi à la fois très personnel et qui touche par les
thèmes universels abordés qu’il traite sur le ton original
de la tragi-comédie.
Titre : Il est plus facile pour
un chameau Réalisatrice :
Valeria Bruni-Tedeschi Acteurs : Valeria
Bruni-Tedeschi, Chiara Mastroianni, Jean-Hugues
Anglade, Denis Podalydès, Emmanuelle Devos,
Marysa Bruni-Tedeschi, Roberto Herlitzka, Lambert
Wilson, Nicolas Briançon, Pascal Bongard, Yvan
Attal, Hélène Sadowska… Scénario : Valeria
Bruni-Tedeschi, Noémie Lvovsky, Agnès de Sacy Premier assistant réalisateur :
Olivier Genet Chef monteuse :
Anne Weil Chef opérateur :
Jeanne Lapoirie Ingénieur son :
François Waledish Décors : Emmanuelle
Duplay Chef costumière :
Claire Fraisse Producteur délégué :
Gemini Films, Paulo branco Directeur de production :
Sylvain Monod Sortie nationale :
le 16 avril 2003 Durée : 1h50 Pays : France Année : 2002