Les apprentis cinéastes ressentent généralement une certaine appréhension avant de réaliser leur premier long-métrage. La plupart se sont déjà rôdé sur des formats courts, mais le passage au long reste un cap important dans la carrière d'un réalisateur. C'est le moment de faire ses preuves, de montrer de quoi on est capable. La pression est énorme. Rater son premier long n'est pas forcément synonyme de mise au placard, seulement regagner la confiance d'un producteur après un échec n'est pas chose facile. Pour tenter de se rassurer, les jeunes réalisateurs mettent donc en place différentes parades. Ils demandent aux techniciens et aux acteurs avec lesquels ils ont déjà travaillé de participer au tournage de leur premier long. Ils cherchent l'appui d'un producteur dont ils ont pu apprécier la patience sur des projets antérieurs. Bref, ils reconstituent autour d'eux un petit cocon familier voire familial. Pourtant, pour certains, la proximité de l'environnement ne suffit pas. Il faut qu'ils aient également la sensation de maîtriser le contenu. Plutôt que de se lancer dans un récit tout neuf, ils préfèrent reprendre la trame d'un de leurs précédents court-métrages. C'est exactement la démarche suivie par Kazushi Watanabe, le réalisateur, acteur et scénariste de 19.

En 1996, alors qu'il n'est encore qu'étudiant, Watanabe réalise un film court intitulé 19. Comme le chiffre inscrit à l'époque sur son gâteau d'anniversaire. L'histoire est identique - en moins développée forcément - que celle du film qui est sorti cet été sur les écrans français. Le court-métrage est remarqué, il reçoit le Semi-Grand Prize au Pia Festival Film. Surfant sur ce premier succès, le jeune cinéaste japonais enchaîne spots publicitaires, clips vidéo et court-métrages. Il écrit aussi de nombreux scénarios de mangas et participe à une adaptation animée de 19. Après un tel parcours, Kazushi Watanabe aurait pu enchaîner avec un autre projet, mais il n'était pas satisfait de la première version de 19 : "Dans le court-métrage, je n'avais pas eu le temps de donner de l'épaisseur aux personnages. Je voulais en particulier montrer davantage la deuxième victime".