Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
19 (c) D.R.

En 2001, il passe à l'acte, transposant du court au long sa démonstration par l'image du syndrome de Stockholm, mal étrange qui pousse les victimes à prendre le parti de leurs agresseurs. En soi, le passage d'un format à l'autre n'a rien de critiquable. Si le cinéaste japonais avait développé son histoire, l'avait rendue plus charnue, l'opération aurait pu être séduisante. Mais Kazushi Watanabe n'a fait qu'étirer son récit dans le sens de la longueur, jamais dans celui de la profondeur. Même après le passage au long, les personnages se résument en un seul trait de caractère. Il y a le beau gosse charmeur, la brute silencieuse, le poète philosophe... Bref, une série d'archétypes qui frisent la caricature. Watanabe prétend que cette excessive caractérisation est volontaire. Il a par exemple choisi de ne pas donner de noms à ses personnages, d'en faire des êtres détachés de toute réalité sociale. Au générique, les trois malfrats sont ainsi désignés par des noms de régions japonaises : Chiba, Kobe et Yokohama. Mais, le choix de l'anonymat devant renforcer le côté surréaliste et mystérieux de son histoire n'explique pas pourquoi les différents protagonistes sont d'une si grande platitude.

La seule chose qui caractérise les personnages, c'est leur look très étudié. Crinière à la Romain Duris, petite barbe soigneusement négligée, chemise blanche largement ouverte, le sauvageon en chef a tout du beau gosse rebelle, image d'Épinal qu'on retrouve à foison dans les magazines de mode ou sur les affiches publicitaires. Ses deux compères adhèrent au même schéma : le poète porte bonnet et barbichette, tandis que le violent arbore des lunettes noires et un piercing à l'oreille. L'acteur qui interprète ce troisième larron, Ryo Shinmyo, n'est pas connu au Japon pour ses talents d'acteurs, mais plutôt pour celui de mannequin. Présence qui résume à elle seule l'importance de la mode dans la démarche artistique de Watanabe. Les habits de plusieurs personnages sont ainsi customisés. La deuxième victime des kidnappeurs est vêtue d'un tee-shirt bleu sur lequel est inscrit en gros caractères jaunes le mot "happy" suivi d'un point d'interrogation. De son côté, le poète à bonnet porte au dos de son tee-shirt l'inscription "It's better to burn out, than to fade away". Ces détails pourraient paraître anodins, mais ils témoignent d'une volonté de « faire branché » qu'on retrouve dans d'autres secteurs du film.

  19 (c) D.R.

Dans sa réalisation, Watanabe utilise différents procédés jeunistes. Dès le générique, un morceau de guitare électrique saturée pose le débat. L'important n'est pas de faire sens, de faire de 19 un véritable film. Il s'agit d'être dans le coup, de coller au plus près d'une jeunesse supposée écouter la musique à fond les décibels. Dans le même ordre d'idée, l'image est très surexposée, non pas pour apporter quelque chose à l'histoire, mais plutôt parce que « ça fait joli ». Là est bien tout le problème de 19, on a l'impression que rien n'est pensé, ni réalisé selon un but artistique clairement défini. Les scènes se succèdent sans que leur nécessité ne soit démontrée. Par exemple, pendant près de dix minutes, le trio et leur victime errent dans un magasin aux airs de bric à brac, tripotant un certain nombre d'objets présents avant de finalement s'en aller. Ce passage ne sert à rien, ne fait pas avancer l'histoire d'un pouce. Mais il comble efficacement une partie des 82 minutes du film, et c'est là la raison de son existence : il soulage un réalisateur en proie à une inspiration plus qu’hésitante. Des personnages stéréotypés, un argument assez mince, une esthétique particulière : même en long-métrage 19 a tout du court. Mais malheureusement pour Kazushi Watanabe, les qualités exigées ne sont pas les mêmes suivant le format. Et là où Kazushi Watanabe a réalisé un court digne d'intérêt, il a commis un mauvais long.



Acheter ce livre ou DVD sur le site : Fnac
Acheter ce livre ou DVD sur le site : PriceMinister
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Amazon
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Librairie Lis-Voir




Titre : 19
Réalisateur : Kazushi Watanabe
Scénariste : Kazushi Watanabe
Acteurs : Daijiro Kawaoka, Kazushi Watanabe, Takeo Noro, Ryo Shinmyo, Masashi Endo, Nachi Nozawa
Producteurs : Dany Wolf, Saul Zaentzu
Production : Gaga Communications Inc.
Distribution : Bodega Films
Image : Mazakazu Oka
Montage son : David A. Cohen
Lumière : Hideaki Yamakawa
Décors : Masahide Kawanara
Montage : Yoshio Sugano et Kazushi Watanabe
Effets sonores : Kouya Sato
Sortie le : 23 juillet 2003
Durée : 1h 22 min     
Année : 2001
Pays : Japon