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Last Life in the Universe (c) D.R. FESTIVAL DE ROTTERDAM 2004

LAST LIFE IN THE UNIVERSE

de Pen-ek Ratanaruang
Par Yves GAILLARD


SYNOPSIS : Asano, ancien yakusa suicidaire, se cache à Bangkok en tant que libraire.

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POINT DE VUE

  Last Life in the universe (c) D.R.

Pen-ek Ratanaruang est un cinéaste dont le travail, à l’instar de ses collègues Nonzee Nimibutur et Apichatpong Weerasethakul, traverse les frontières de son pays, la Thaïlande, et les limites plus vastes du continent asiatique pour parvenir jusqu’aux écrans européens. Son précédent film, Mon-Rak transistor, fut rappelons-le distribué en France en 2003. Mais avant lui, Ratanaruang avait fait les preuves, et ce dès son premier long métrage  (Fun Bar Karaoke, 1997), d’un talent de conteur remarquable, rehaussé d’un humour amer des plus coupants et d’un goût prononcé pour les calembours narratifs : ces composantes de style se résolvent dans une profonde empathie pour ses personnages ; une caractéristique qu’il partage avec Quentin Tarantino, dont il est l’un des « héritiers » les plus talentueux, et que Ratanaruang prend un réjouissant plaisir à citer, ou parodier.  On retrouve ainsi dans son travail l’idée d’un autisme social qui serait la marque des habitants des sociétés urbaines contemporaines, juste armés de clichés de cinéma pour affronter l’âpreté des 1000 tours de la vie, et confrontés à leur fascination pour des mythes populaires (gangsters, créature de la nuit), censé détenir une vérité « primitive » sur un monde devenu trop vite hostile et violent : une rencontre qui ne se résout que dans l’anéantissement raisonnable des fantasmes héroïques.

Mais, dans ce premier film, se manifestait déjà un désir de plaire un peu trop prégnant chez son cinéaste : goût de la belle image, et virtuosité gratuite dans la maîtrise de la narration. En soi ce n’est pas un mal, mais lorsque M. Ratanaruang ne veut pas plaire, il fait un film comme 6ixtnin9, son deuxième long métrage, qui est un bijou d’humour macabre, plein de stupeur devant sa propre cruauté : un conte urbain où une jeune femme dissimule dans son appartement les cadavres qui s’y accumulent pour les raisons les plus futiles, tandis que la dépression qui l’agite lui inspire des fantasmes suicidaires, et que se déchaînent alentour des forces primitives, affrontement de gangsters et de policiers, dans un retour à la barbarie qu’encourage la grande ville.