Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
Last Life in the universe (c) D.R.

Or donc ici, c’est à un projet aux enjeux nombreux auquel s’est attelé ce cinéaste : à travers sa « love story » nippo-thaïlandaise, c’est à la concrétisation d’une communauté d’intérêts entre producteurs indépendants thaïlandais et japonais que nous assistons : la présence de Asano Tadanobu, l’acteur en vogue du cinéma japonais, fait signe de l’ambition pan-asiatique de Last Life in the Universe. Miike Takashi vient faire un petit tour en yakuza débonnaire; Last Life in the Universe affiche les signes ostensibles de son appartenance revendiquée à un réseau artistique, où il s’agit à toute force de faire résonance aux films « amis » (ici ceux de Miike). C’est tout à fait le genre d’enjeux qui peut inhiber un cinéaste, ou tout du moins pervertir le désir mutuel des partenaires de création de faire un film. Les contraintes sont dès lors pesantes, et ne laisse la place qu’à l’habileté. Le film en souffre peu, tant ses ambitions sont faibles : une histoire d’amour maladroite, un fond de tristesse, le tout baignant dans une ambiance délétère de régression. Dès lors la virtuosité formelle et le bon goût des protagonistes se donnent à voir, dans ses images soyeuses de volupté, dans les cahots maîtrisés du scénario.

C’est peut-être la pire forme d’académisme possible, car chacun en ressort satisfait : les bailleurs de fond, puisque le film a tout du produit facilement exportable, plaisant pour toutes les papilles ; le cinéaste, car il pourra toujours défendre ce film comme un « banc d’essai » pour des projets ultérieurs ; et le spectateur, touché par tant de joliesse, et reconnaissant pour les petites stridences scénaristiques vite résolues, et largement recyclées de 6ixtnin9, qui ont su maintenir son intérêt en éveil.

  Last Life in the universe (c) D.R.

De par la nature métissée du projet, nous avons donc droit au questionnement de la rencontre Japon-Thaïlande au travers de leurs stéréotypes, voire une forme d’inquiétude confuse dans l’opposition d’un contexte urbain « japonisé » (on n’y croise que des Japonais, gangsters de préférence) et d’une campagne-havre de paix, pleine d’une sensualité ultra-séduisante, et où réside le cœur du pays. Mais Ratanaruang est un urbain, et c’est en citadin qu’il décrit très vite les forêts de palmiers, les visages marqués des paysans, et les délicieux miroitements de la lumière campagnarde.