TRANSFERT DE PALME

Chaque année, la Palme d'or cannoise est l'un des sujets de polémique les plus courus du cinéma international. Mais pourquoi donc n'ont-ils pas primé tel film à la place de telle autre ? Qu'est-ce qui a bien pu leur passer par la tête pour qu'il salue le travail de tel réalisateur et oublie celui de tel autre ? Les critiques s'enflamment, les festivaliers s'échauffent. Lors de la cérémonie de clôture, les professionnels applaudissent plus ou moins mollement, huent plus ou moins fortement. Bref, la passion et son cortège d'excès en tout genre atteint son paroxysme. Et puis, quelques mois plus tard, le film palmé sort en salles, fait l'évènement dans une ambiance devenue beaucoup plus apaisée. Certains persistent dans leur rejet, parfois pour des motivations cinématographiques qui se valent, parfois pour satisfaire une vanité assez déplacée.

Elephant de Gus van Sant a suivi ce parcours désormais classique. Salué par la majorité comme un évènement, le mot de chef d'œuvre utilisé à plusieurs reprises à son sujet, le début d'une polémique sur l'opportunité de montrer ce film dans l'espace scolaire... Quelques avis s'élèvent pour soutenir que le Mystic River de Clint Eastwood aurait mérité d'être palmé à la place du palmé, mais rien de bien tonitruant. Et pourtant, dans l'anonymat de son Allemagne natale, un film suscite une drôle de pulsion : aller aux États-Unis, rentrer par effraction dans la demeure de Gus van Sant, lui dérober le petit écrin noir qui contient la palme et l'envoyer par Chronopost à Hans-Christian Schmid.

Qui est Hans-Christian Schmid ? C'est le réalisateur de Lichter, ce film qui pousse à devenir hors-la-loi.