Il est temps de proposer
au lecteur notre description.
4. Plein cadre fixe sur
une pancarte DEFENSE D’ENTRER fixée à un grillage. Travelling
ascendant en plan rapproché le long de ce grillage. On voit
à travers lui sur un fond sombre des formes lumineuses imprécises
et floues. Fondu enchaîné.
5. Travelling ascendant en plan rapproché le long d’un nouveau
grillage au motif différent de celui du plan. Arrière-plan
identique à celui vu au plan. Fondu enchaîné.
6. Travelling ascendant en plan rapproché le long d’une grille
en fer forgé. À travers elle, on voit sur un fond sombre d’autres
formes lumineuses imprécises et floues. Fondu enchaîné.
7. Plan fixe en contre-plongée sur le haut d’un portail en
fer forgé surmonté d’un énorme monogramme « K ».
A l’arrière-plan, en suspension dans la brume, la silhouette
sombre d’un château, percée d’une fenêtre éclairée.
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On ne peut exclure que des
copies différentes du film aient circulé, bien qu’à notre
connaissance, ce fait ne soit relevé dans aucune étude consacrée
au film. La disparition du plan n°6 du découpage RKO peut
s’expliquer par une intervention de Welles au montage, pendant
que la rédaction du découpage après montage se poursuivait.
Qu’on en retrouve trace dans l’Avant-scène (deux fois
un gros plan de la fenêtre allumée) laisse au contraire supposer
que ce plan a survécu.
Mais le découpage de l’A.S.
paraît se caractériser d’abord par la mémoire confuse de son
rédacteur. Il faut qu’il se souvienne de la grille et de la
lettre K pour pouvoir d’entrée évoquer le gigantisme du portail
qui n’apparaît qu’en gros plan ! Quant à cette série de vues
extérieures au château, font-elles référence à des plans depuis
disparus, ou à ceux qui succèdent à la lettre K (et que nous
n’avons donc pas évoqués) ? La réponse est difficile, car
ces plans sont bien décrits ensuite, et à leur place. On aimerait
savoir si le rédacteur de l’A.S. a pu visionner le
film sur une table de montage. D’autre part, une note laisse
penser qu’il s’est servi du découpage RKO. On en retrouve
d’ailleurs trace avec une traduction phrase pour phrase de
quelques actions, mouvements de caméra, et échelles de plans.
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Notre quête d’une description
idéale d’un film serait-elle une mission impossible comme
celle d’un journaliste enquêtant sur le mystère Rosebud
? Mémoire défaillante, inattention, complexité du vocabulaire
technique, difficultés d’un genre littéraire bien ingrates,
copies du film modifiées... Continuons cependant !
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