Saeznarisation musicale
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Assurément, l'homme travaille
ses textes et certains sont même spécialement scénarisés.
Cette scénarisation, qu'elle concerne les chansons ou ses
apparitions sur scène, est précisément une nouvelle mesure
de sa musique en Saez millimètres. C'est d'abord une utilisation
subtile du coup de théâtre final où la substitution d'un mot,
l'adjonction d'un couplet, font muter la portée du texte.
"Sauver cette étoile" en fait un usage pervers.
"Quel est l'avenir en Yougoslavie ? " : Saez pose
une question, innocente, sans donner de réponse ni insister.
La fin du morceau reprend le vers pour le modifier : "Mais
y'a pas de pétrole en Yougoslavie..." Les vers se font
écho et l'artiste donne indirectement un élément de réponse.
Le troisième terme du syllogisme (donc, y'a pas d'avenir en
Yougoslavie...) est laissé en suspens, inhérent à l'esprit
de l'auditeur. Manipulation scénaristique. Le procédé est
repris pour mettre en place une réelle mystification avec
Hallelujah. La chanson, d'une durée classique, se résume
en fait à deux couplets, séparés par un break hallucinatoire:
« Maman m'a levé ce
matin
Ou c'était peut-être demain
Je ne sais plus vraiment
La nuit s'allume doucement
Et mes yeux s'ouvrent lentement
Comme deux bougies dans le vent
Chevauchant mon vélo volant
A toute allure, je tue le temps...
Hallelujah.... »
Ce premier couplet peint
un univers féerique où le véhicule astral, souffle porteur
ou vélo volant (l'image mentale est inévitable...), affranchit
distance et temps (" c'était peut-être demain ").
Nouvelle plongée dans ce fameux entre-deux mondes, ailleurs
saezien qui lui sert d'échappatoire. Suivent moult Hallelujah
incantatoires tant mystiques qu'hallucinés, jusqu'à ce que
la reprise vienne briser le mouvement aérien de l'envolée
lyrique :
"Si seulement c'était
réel
J'verrais combien la vie est belle
Si je sortais du lit
Et je suivrais les hirondelles
Loin de cette chambre d'hôtel
Où je finis ma vie... "
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