La protase critique, depuis quelques semaines
frileuses, n'en finit plus de déposer des gerbes superlatives
aux pieds d'un cinéma qui, si autrefois et conformément aux
écritures alors en vigueur, ne pouvait se permettre de négocier
que quelques peccadilles avec la réalité, se doit aujourd'hui
de brocarder celle-ci, de la chambrer violemment, de lui tordre
le cou et de lui retirer le manche à balai qu'elle se complaît
manifestement à avoir dans le cul. Or, de vieux briscards,
rédacteurs phobiques enfermés dans leur sainte Bulle et déontologiquement
aphones mais dont la voix brisée ou la plume enrouée font
imperturbablement écho contre les murs lézardés que certains
d'entre nous sont devenus ("on était tellement de gauche!"),
braillent les louanges de films qui, addict de belles
idéologies after bab', donnent pourtant l'impression
d'être absolument explosés et sérieusement atteints par des
signes avant-coureurs de sénilité. Les descentes de teusch
seventie's de ces derniers nous enjoindraient presque
à nous shooter à la coke tant leurs recherches métaphysiques
de pacotille ventilent des scènes déjà vues à la boulangerie,
au bureau de tabac ou dans les transports en commun.
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La dentition réduite à bouffer de la purée
Vico, les long-métrages à papa font mouiller papy Lefort qui,
pigiste de garde le week-end au service ciné de "Libé",
s'astique la plume via des objets intellectuellement déviants
comme le testament de Van Der Keuken, Vacances prolongées,
ou les partoches David-et-Jonathanesques de Wenders époque
Buena Vista Social Club (la seule intrusion du terme
social envoie régulièrement nos confrères au septième ciel
de l'analyse évangélique). Deux films siamois s'égosillant
à vanter les mérites de la vie pré-mortem pour le premier
et en groupe s'agissant du second et qui, plus est, semblent
concourir à une présence en Une de La Croix. Récemment,
c'est une épine dorsale analogue qui fait se déplacer, non
sans peine, la fantaisie Club-Mickey-qui-aurait-un-peu-trop-abusé-de-la-boîte-à-pharmacie-des-parents
de Jeanne Labrune, ça ira mieux demain.
Dans cette polyphonie de sentiments dignes
au choix d'une AG des Scoots de France ou d'un repas de Noël
dans une maison de retraite, l'incitation à la désobéissance
hérite de la portion congrue. Fossilisés dans leurs petits
tracas dérobés à un probable C'est mon choix discourant
de l'art d'être névrosé en milieu citadin, les bourges en
pleine crise existentielle, arêtes de la cantine psychotique
et toc de Jeanne Labrune, sont fichtrement chiants. Orphelins
de charisme, ils sont déjà flétris avant même que la dramaturgie
dans laquelle ils baignent, puis finalement se noient, n'ait
tracé les contours d'une esquisse de crédibilité scénaristique,
d'existence plausible. Odeur incommodante de fleurs de salon.
Les scories de l'antenne mal franchisée du On connaît la
chanson de Resnais prennent surtout leur source à sec
dans la formule proverbiale qui donne son titre, et son décès
prématuré, à l'ensemble. Ça ira mieux demain, clone
quotidien de l'annuel et terminal « Bonne année, bonne
santé », résonne comme une abdication face aux soumissions
et autres contraintes qui irriguent notre existence. Pourquoi
remettre à demain ce que l'on peut faire aujourd'hui ?
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