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Objectif Cinéma (c) D.R.

Aussi, l'expérimentation par l'image de synthèse est lié au travail de similitude avec la peinture. Au-delà de nos rêves emprunte au pointillisme comme à la technique de la peinture à l’eau ou du dessin au pastel, notamment ; tandis que l’univers de "Pierre et le loup" est inspiré de la peinture fauviste. Qu'il s'agisse d'infiniment grand (les paysages) ou d'infiniment petit (le détail, en terme de peinture), l'image de synthèse, qui s'appuie sur l'expérimentation des formes et des couleurs graphiques et picturales, devient elle-même picturale : elle est toujours en rapport ou appartient à la peinture. L'image de synthèse ne vaut que dans le tableau, la peinture : les dissocier serait dénaturer le film et leur éventuelle alchimie. L'entrée dans le tableau délivre donc une magie (rendue, traduite par les effets spéciaux) que renferme la peinture initiale.

Mais comment accéder à l'image de synthèse picturale ? D'abord, comment accéder au tableau pour le héros ? What dream may come (Au-delà de nos rêves) est adapté du roman de Richard Matheson au titre éponyme. Après la mort de leurs enfants dans un accident de voiture, un couple a du mal à reprendre goût à la vie. Lorsque que Chris Nielsen, le mari décède brusquement, il va au Paradis, un univers parallèle qui a les contours et les couleurs des tableaux de sa femme. Celle-ci se suicidant, il ira jusqu'en enfer pour tenter de la ramener vers lui.

  Objectif Cinéma (c) D.R.

Au-delà des rêves, au paradis, règnent les images de synthèse. Mais le passage de la vie à l'au-delà ne s'effectue pas directement. Les prémices techniques et les instances narratives des scènes du paradis en images de synthèse prévalent car elles préfigurent un changement de régime d'image, dans l'évolution du personnage principal et dans sa relation à son entourage. Ce stade préparatoire au devenir irréel de limage débute à son retour chez lui, la caméra subjective personnifiant son nouvel état de fantôme. Tous les inconnus à son domicile qu'il voit réconforter sa femme sont flous. Il ne peut revoir normalement son ami et confident Doc : lorsque celui-ci bouge la tête, sa posture effilée et son mouvement de tête flou le font alors soudainement ressembler à une forme (un homme) issue d'une toile de Francis Bacon. Le flou devient premier élément précis, annonciateur d'un univers fantastique. L'entrée du personnage au paradis des images de synthèse passe donc par un dérèglement de l'image du monde qu'il entrevoit. Le fondu au blanc, qui clôt sa relation finale au monde des vivants et à son entourage, signale son arrivée au paradis comme l'entrée dans un rêve. Chris est endormi dans les herbes. Les premières véritables images de synthèse (IS), les nombreuses fleurs de différentes couleurs, symbolisent en partie la représentation du paradis en IS. Deux fleurs, une bleue et une violette paraissent différentes de nature, mais tracent une ligne continue au sein d'un champ des possibles de la fleur perfectionnée en IS. Deux fleurs ornent le long plan où Chris se réveille au milieu d'un champ : à gauche, la fleur bleue indigo aux tâches de soleil qui la font luire, à droite, la fleur violette, plus floue par endroits, aux pétales ressemblant à de gros grains. A la fleur bleue correspond, par les grains de lumière qui semblent l'imprégner, une phosphorescence de la forme fluide en IS, tandis qu’à la fleur violette correspond une constitution de nature pointilliste.