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D'autre part, l'écran chez
Fritz Lang permet la mise à plat de la plongée, principale
prise de vue d'une caméra de vidéo surveillance. La plongée
produit le mécanisme de surveillance par sa position perchée,
souveraine, donc supérieure. Mabuse, le cerveau-écran qui
manie les mille yeux des écrans de surveillance, « rêve de
chaos universel », rêve qui trouve « du répondant dans le
développement sophistiqué du machinisme ». D'autre part, l'écran
chez Fritz Lang permet la mise à plat de la plongée, principale
prise de vue d'une caméra de vidéo surveillance. La plongée
produit le mécanisme de surveillance par sa position perchée,
souveraine, donc supérieure. Mabuse, le cerveau-écran qui
manie les mille yeux des écrans de surveillance, « rêve de
chaos universel », rêve qui trouve « du répondant dans le
développement sophistiqué du machinisme ». [7]
De la suprématie de l'image résulte ce machinisme. D'abord,
à peine enregistrée, la scène est déjà érigée en monstration
par l'écran. Ensuite, chez Mabuse, l'ubiquité des écrans de
contrôle se substitue toujours à l'ubiquité des caméras. De
la suprématie de l'image résulte ce machinisme. D'abord, à
peine enregistrée, la scène est déjà érigée en monstration
par l'écran. Ensuite, chez Mabuse, l'ubiquité des écrans de
contrôle se substitue toujours à l'ubiquité des caméras.
Mais sacrifier tout à sa
vision, par le don d'ubiquité des yeux-écrans, est contre
nature. Sa réorganisation du monde n'a d'autre but que de
« piéger tout ce qui existe, comme tout ce qui lui résiste
». [8] Sa maîtrise des écrans dans le système
de haute-surveillance consiste en une volonté transcendantale
de puissance, qui fait écho au dispositif du Panopticon
de Bentham. Au sein de cette métaphore architecturale de la
surveillance régie par écran interposé, le binôme voyant-vu
est clairement identique. « Le Panoptique est une machine
à dissocier le couple voir-être vu : dans l'anneau périphérique,
on est totalement vu, sans jamais voir ; dans la tour centrale,
on voit tout, sans jamais être vu » [9].
Aux écrans se sont substituées de larges fenêtres ; dans les
deux cas, le dispositif concerne la surveillance disciplinaire.
« Le Panopticon est un lieu privilégié pour rendre possible
l'expérimentation sur les hommes, et pour analyser en toute
certitude les transformations qu'on peut obtenir sur eux »[10].
Grâce à l'habileté du système, surveiller sans être vu à travers
une fenêtre ou un écran vidéo, il s'agit aussi bien d'une
« utopie de l'enfermement parfait » que d'un perfectionnement
de « l'exercice du pouvoir » [11]. Contrôle
des écrans, contrôle des hommes : tyrannie et dictature de
l'image/l’écran. Et au-delà de sa part fascisante, puissance
indéniable du procédé disciplinaire. Le Panoptisme de Mabuse
puise donc bel et bien son origine dans l'univers carcéral.
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Un glissement s'opère donc
entre la disposition des corps évoquée par Jean Douchet et
« ces transformations qu'on peut obtenir sur eux », résultats
de la pensée panoptique définie par Michel Foucault, fruits
d'une manipulation engendrant la folie (et l'aliénation de
Mabuse, qui se dédouble) du tortionnaire, par le pouvoir de
l'image et le potentiel de l'écran. Du « cerveau-écran
», écran démiurge et suprême, à sa puissance maléfique, l'écran
est érigé en instrument de surveillance scientifique
et touche au simple emprisonnement par le regard : « le Panoptique
est une machine merveilleuse qui, à partir des désirs les
plus différents, fabrique des effets homogènes de pouvoir.
» [12]
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Coffret Fritz Lang
: M. le maudit / Le Testament du Dr. Mabuse
Réalisateur
: Fritz Lang
Avec
: Peter Lorre, Inge Landgut, Ott Wernicke, Theodor
Loos, Dawn Addams, Peter van Eyck
Éditeur
: Opening
Le coffret
: en plus des films M. le maudit et Le Testament
du Dr. Mabuse on peu y trouver, dans un troisième
DVD dédié aux bonus, le documentaire
Fritz Lang le cercle du destin de Jorge Dana (55
min), l'analyse de M le Maudit Image par image
par Radha-Rajen Jaganathen (40 min), l'entretien
avec Noël Simsolo et Alfred Eibel (réalisation
Dreamlight) et les décors de Emil Hasler
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