|
 |
|
|
Les Coen traitent ce thème
à travers une comédie musicale qui rendent ces
membres du Klan ridicules tout en les rendant odieux. Le film
parle aussi de la violence des sectes par deux fois :
dans la séquence où les héros se font
baptiser, et à travers cette secte terrifiante du Klu
Klux Klan. Il leur fallait montrer et révéler
la " traversée des Etats-Unis ",
c’est-à-dire la vérité du visage des
Américains, mais plutôt que de réaliser
un film directement politique, ils préfèrent
le faire avec légèreté. Le film se veut
aérien dans une absence de gravité. Dans cette
séquence du Klu Klux Klan, la situation, a priori inextricable,
est donc résolue d’une façon complètement
fantaisiste et aérienne.
En même temps, quand on regarde le film de son point
de vue politique, on s’aperçoit qu’on a deux politiciens
en pleine campagne électorale : les films de cette
époque-là où apparaissent des politiciens,
par exemple chez Ford, sont très souvent liés
à une campagne électorale. Ici, on s’aperçoit
que celui qui détient le pouvoir est corrompu jusqu’à
la racine et que l’autre est encore plus terrifiant que le
premier, et par conséquent le premier devient finalement
très sympathique. Le film aborde donc la politique
sous deux aspects : le Klu Klux Klan qui représente
le fascisme américain toujours larvé et présent
dans une Amérique profonde de l’extrême droite,
et le politicien démocrate corrompu mais qui a au moins
le mérite d’apprécier la musique de l’autre
Amérique profonde et une certaine façon de vivre.
On pourrait faire la même chose en France : vous
avez la France profonde de certains partis politiques et une
autre France profonde d’un certain art de vivre à la
française. Nous sommes rentrés dans un cinéma
américain qui est un cinéma de lutte et de scepticisme
par rapport à la société américaine
où le personnage d’Ulysse, si naïf et sympathique
au début, va rentrer dans le système à
la fin. Bien sûr, Pénélope ne passe pas
ici son temps à faire de la tapisserie, elle passe
son temps à faire des enfants qui, à la fin,
sont attachés les uns aux autres comme les forçats
au départ.
UNE COMEDIE …
 |
|
|
|
Le personnage du braqueur de banques
est également totalement en référence
au cinéma américain, par exemple avec Bonnie
and Clyde et bien d’autres, que les Américains connaissent
bien. Les frères Coen font de ce personnage quelqu’un
de complètement énorme avec, lui aussi, une
innocence absolue, notamment dans la scène du braquage.
Le film se veut une mise en boîte de toutes les valeurs
sur lesquelles la société américaine
a voulu reposer et qui ont aujourd’hui disparu. La rencontre
du gérant de radio dans un désert absolu montre
déjà la puissance du média, comme une
sorte de symbole également de la naissance de Las
Vegas. C’est un film joyeux sur un sujet qui ne l’est pas
du tout, et on peut le recevoir de différentes façons :
on peut le voir au tout premier degré et s’amuser
beaucoup (ce que j’aime beaucoup dans les films comiques,
c’est quand le public se dit " On a bien rigolé,
mais qu’est-ce que c’est bête ! "),
le rire est une libération et une défense,
et on peut aussi beaucoup réfléchir sur la
signification de telle ou telle scène.
… MUSICALE
Il y a beaucoup de cinéastes
américains aujourd’hui qui sont très calés
et très imprégnés de la musique, notamment
le jazz avec par exemple Clint Eastwood qui en joue lui-même.
Si on connaît bien la musique américaine, on
peut percevoir des choses relatives à la musique
dans ce film, par exemple le fait que le Grand Sorcier du
Klu Klux Klan chante du gospel, ce qui constitue bien sûr
l’ironie suprême.