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Lee Kang-Sheng, jeune homme introverti,
est obsédé par les pastèques comme si les réponses à toutes
ses questions (le secret de son malaise, la clé de ses désirs)
se trouvaient à l’intérieur de ce fruit à la forme sphérique.
Narcisse tourmenté, il contemple son corps dans la salle
de bain d’un appartement vide dont les carreaux de faïence,
les miroirs, renvoient son image à l’infini. Il est aussi
irrésistiblement attiré par Chen Chao-Jung. Après avoir
assisté en se caressant aux ébats de celui-ci avec Yang-Kuei-Mei,
il ose quitter sa cachette, s’allonger à ses côtés, l’embrasser.
Dans La Rivière, au sortir d’une station de métro,
Lee kang-Sheng, croise par hasard une ancienne amie.
Les deux corps figés, dressés sur des tapis roulant glissent
dans des directions opposées. La rencontre a lieu cependant.
Le jeune homme et la jeune fille se rejoignent à l’extrémité
de l’escalator au contour recourbé.
Plus tard, les deux jeunes gens se retrouvent dans une chambre
d’hôtel. La jeune fille passant dans la salle de bain séparée
de la pièce par une porte vitrée, ordonne à Lee Kang-Sheng
de baisser la lumière puis de fermer les rideaux. Lorsqu’elle
entre dans l’alcôve, son corps est progressivement plongé
dans l’obscurité. Au cours du plan suivant, ils font l’amour.
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La mère de Lee Kang-Sheng a un amant.
Mais elle souffre du manque d’intérêt croissant dont celui-ci
fait preuve à son égard. Leurs rencontres routinières s’effectuent
dans le plus grand silence. Le « substitut » de
son mari (mais ces deux-là sont-ils, au fond, si différents ?)
vend des vidéos pornographiques. Un soir qu’elle le rejoint
chez lui, elle le trouve endormi, allongé, presque nu, sur
un sofa, dans le salon. Elle tente de le réveiller Elle
l’embrasse. Elle le caresse. Des magnétoscopes en marche
diffusent des films X sur différents écrans de télévisions
regroupés dans la pièce. Les cassettes, comme son désir
violent, jamais assouvi, se déroulent inlassablement.
La mère de Lee Kang-Sheng travaille dans un grand magasin.
Elle occupe la fonction de liftier. Du matin au soir, dans
un mouvement régulier, l’ascenseur la renvoie à son malaise
et son ennui (18).
Dans The Hole, Lee Kang-Sheng, se prend d’intérêt
pour un chat qu’il nourrit régulièrement. Les cris répétés
qu’il pousse pour signaler sa présence à l’animal ressemblent
à une plainte. Ils illustrent parfaitement son impossibilité
de s’exprimer, son manque d’affection.
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Au cours du dernier plan du film,
l’improbable se déroule sous nos yeux. Deux êtres plongés
dans un total isolement entrent en contact. Lee Kang-Sheng
s’empare de la main de sa voisine du dessous (Yang Kuei-Mei).
Il la délivre peut-être de sa folie par le trou qui relie
leurs deux appartements. La cavité béante est presque
ronde. L’obscurité qui règne dans la pièce marque une
opposition totale avec les scènes musicales (adaptation
d’un répertoire composé essentiellement de chansons d’amour)
très éclairées, regorgeant de couleurs vives, qui ponctuent
le film.
Dans Et là-bas quelle heure est-il ? Lee Kang-Sheng
pense sans cesse à une de ses clientes, Chen Shiang-Chyi,
qui a quitté Taipei pour Paris. Il cultive le souvenir
de la jeune fille en changeant systématiquement l’heure
des montres qu’il vend, des horloges de la ville. Lee
Kang-Sheng tente en vain de donner un sens à sa vie en
détournant celui des aiguilles (dans un mouvement circulaire).
Lee Kang Sheng est en deuil de son père. Des cérémonies
religieuses sont organisées par sa mère, épouse inconsolable.
On dispose sur la table de la salle à manger des bols
de riz, des bâtons d’encens. On accroche dans la pièce
des guirlandes en papier sphériques.
Le film s’ouvre sur les allées et venues du père dans
l’appartement familial. Il passe lentement de la salle
à manger au balcon. Le vieil homme tant regretté porte
une veste bleu clair. Sa réapparition, qui conclut le
film, a pour « toile de fond » la place de la
Concorde et sa grande roue en mouvement.