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Dés le début, donc, quelque chose cloche :
Mostow paraît absent, écrasé par le poids du projet, le film
se plaçant ouvertement sur les rails d’une duplication en
roue libre. On pourrait s’arrêter là, pourtant le film intrigue
réellement et plus les minutes passent, plus on a envie de
continuer à le regarder comme une variation assumée autour
des deux premiers films plutôt que comme une suite véritable.
Ce serait un remake, alors ? On ne sait plus trop et
l’on imagine la confusion qui régnait dans l’esprit de ceux
qui ont mis le film en chantier. T3 ressemble très
vite en tout cas à une simulation de ce qu’il aurait dû être
avec un vrai scénario et un peu plus d’implication de la part
du réalisateur et de ses comédiens. D’une scène à l’autre,
une évidence s’impose, le film ne cherchera pas à innover.
Tout le monde semble d’ailleurs en être conscient, Mostow
le premier, qui a compris qu’il avait été engagé pour faire
illusion et, surtout, pour diriger des scènes d’action capables
d’en remontrer aux frères Wachowski.
T3 serait donc au final une sorte
de remake dégénéré et pessimiste de T2. Pour un peu,
on se mettrait presque à penser, tant le film joue la carte
de la copie, aux expériences théoriques de Carpenter avec
LA 2013 ou de Gus Van Sant avec Psycho. C’est
dommage quand on connaît le potentiel d’une telle histoire
(à quand le volet qui se passera dans le futur, pendant la
guerre des machines ?), mais c’est aussi ce qui en fait
autre chose qu’un film hollywoodien de plus. C’est une fois
que l’on a fait ce constat que le film devient réellement
intéressant car tout le monde semble être conscient de l’imposture.
L’absence de Cameron est criante (si le film se justifiait
vraiment, pourquoi n’est-il pas présent, ne serait-ce qu’au
titre de producteur ?). Et celles de Linda Hamilton et
d’Edward Furlong le sont tout autant. Bref, ce film est à
la série des Terminator ce que Jamais plus jamais
fut à la série des James Bond, un ersatz. Tout le monde le
sait, alors il s’agit de l’assumer, quitte à foncer droit
dans le mur…
Tout d’abord, puisque ce film est un « faux »,
le scénario est un leurre. On s’en apercevra à la fin, la
mission du Terminator n’est pas celle que l’on nous annonçait
durant tout le film, et, surtout, contrairement au deuxième
volet, les efforts des héros, n’aboutiront pas puisque le
soulèvement des machines aura bien lieu. Si dans T2
on pouvait changer l’avenir, perce ici un sentiment d’inéluctabilité
qui traduit bien le pessimisme des auteurs quant à la nature
de leur entreprise. Dans son final, le film fait très clairement
l’aveu de son inutilité : d’un point de vue narratif,
il n’a servi à rien et l’on revient au point de départ. Surtout,
l’absence de happy end agit comme un aveu d’impuissance :
Schwarzenegger a vieilli (on sait qu’il a eu récemment des
problèmes cardiaques) et il ne peut plus sauver le monde…
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