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L'ANGOISSE ET L'ALCHIMIE DES GENRES

  Amants criminels (c) D.R.

Avant de signer des oeuvres plus accessibles au grand public (Huit femmes ou même Swimming Pool), François Ozon s’est illustré dans le film d’horreur. Tout d’abord, en 1997, avec Regarde la mer, dans lequel une jeune anglaise passe ses vacances avec sa fille de dix mois sur l’île d’Yeu dans la maison de son mari qui est resté à Paris. Elle reçoit, un soir, une routarde qui demande à planter sa tente dans le jardin… Présenté dans divers festivals, ce moyen-métrage (52 minutes) fit grincer de nombreuses dents. Le cinéaste distille l’angoisse par petites gouttes et part d’une situation somme toute banale pour basculer dans l’horreur la plus terrifiante. Ceux qui pensent que le cinéaste n’est bon qu’à mettre en scène des fictions hystériques (Sitcom) et/ou artificielles (Huit femmes) devraient jeter un oeil sur cet objet qui s’achève sur une dernière image très dérangeante. L’efficacité est redoublée par une Marina de Van, plus machiavélique que jamais… Le genre horrifique ne lâche pas Ozon de sitôt puisqu’il retente l’expérience en 1999 avec ses Amants Criminels, conte de fée macabre dans lequel le cinéaste mélange le fait-divers à la psychanalyse, la féérie à l’horreur et livre une oeuvre à la fois fascinante et déroutante dans laquelle tous les interdits sont annihilés et où les perversions sont poussées à leur paroxysme.

La même année, il faut signaler la présence de deux énergumènes fantastiques dans la production française : tout d’abord, Les mille et une merveilles de l’univers de Jean-Michel Roux, réalisateur à qui l’on doit l’intrigante Enquête sur le monde invisible, documentaire sur le monde des elfes d’Islande, qui est plus intéressante que convaincante; et surtout Serial Lover de James Huth. L’histoire : Claire, la directrice des "Editions dangereuses", s'apprête a célébrer ses trente-cinq ans. Tout va bien pour elle hormis qu'elle est amoureuse de trois hommes aussi brillants, intelligents et généreux les uns que les autres et qu'elle aimerait vivre un unique grand amour. Pour les départager, elle organise un bon dîner qui vire au sanglant… Alors que dans Serial Mother de John Waters, une mère de famille assassine tous ceux qui font du mal à sa famille - genre un petit ami qui met une claque à sa fille - ou qui se comportent mal - on n’a pas le droit de porter des chaussures blanches ou de mâcher un chewing-gum en sa présence -, James Huth, lui, nous montre comment une romancière va assassiner un à un, involontairement, tous ses beaux prétendants. On n’est pas au bout de nos surprises avec ce cocktail d’humour et de macabre absolument réjouissant dans lequel Michèle Laroque tente de faire face à la présence trop imposante d’Albert Dupontel (le flic). Le film est tordant du début à la fin et possède une mise en scène particulièrement brillante. Les apparitions dans les seconds rôles d’Isabelle Nanty et des Robins des bois valent à eux-seuls le déplacement.

Seriel Lover (c) D.R.

Encore plus underground que tous les films suscités : Swamp d’Eric Bu (1999), authentique curiosité sortie la même année que Le projet Blair Witch, passe pour la fiction la moins chère de l’histoire du cinéma. Ce n’en est pas pour autant la plus rentable. Dans le film, une gamine de treize ans, condamnée par la maladie, n’a qu’une obsession : tourner son film d’horreur. Seulement voilà, le tournage ne va pas se révéler aussi simple que prévu… Malheureusement, malgré toutes ses belles intentions, le film  passe du coq à l’âne et s’éparpille un peu dans toutes les directions sans parvenir à maîtriser ce qui aurait dû être une belle «Nuit américaine du Z». L’argument aurait tenu le temps d’un court-métrage, mais étalé sur une heure vingt, c’est une purge.