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Dans Quatre mariages et un Enterrement,
le Londres de Richard Curtis a une forte identité sophistiquée,
reflet du milieu social très « upper-class » dans
lequel évoluent les personnages du film. Richard Curtis fait
vivre ses personnages dans un Londres à la fois imprécis et
reconnaissable. Le spectateur a, en effet, du mal à retrouver
ses repères dans ce Londres élégant mais un peu « carte
postale ». Dans Coup de Foudre à Notting Hill
au contraire, l’écriture de Richard Curtis va surtout se pencher
sur la création d’un Londres spécifique, celui du quartier
de Notting Hill, à la fois représenté dans sa vie au quotidien
mais aussi à travers les fantasmes romantiques qu’il peut
engendrer.
Le Londres de William Thacker est minutieusement reconstitué
pour donner une impression de « réalité ». En outre,
Notting Hill est un quartier de Londres bien connu de Richard
Curtis. Ainsi tout l’aspect géographique de Notting Hill est-il
rendu avec beaucoup de soin dans le film, comme peut en témoigner
la présentation initiale du quartier, réalisée en voix-off
par Hugh Grant. Visuellement, Richard Curtis et Roger Michell
ont dès le début de la fabrication une représentation précise
de Londres qu’ils veulent proposer, comme nous l’expliquait
le réalisateur de Coup de foudre à Notting Hill, Roger
Michell : « Je voulais que Coup de foudre à
Notting Hill ressemble à un film méditerranéen : chaud,
en été, avec des couleurs passées, comme celles des Impressionnistes,
pas de noir, très doux, ensoleillé, et d’essayer de montrer
un Londres qui existe, très paisible, où il y a une place
pour la romance et le soleil. »
Drame
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Comme dans toute comédie romantique, l’élément
dramatique est au cœur de l’écriture de la romance et bien
sûr, chez Richard Curtis, cette règle importante est suivie
à la lettre. Ainsi le drame a sa place dès le titre Quatre
Mariages et un enterrement. S’interroger sur l’élément
dramatique dans les comédies romantiques de Richard Curtis
revient finalement à mettre en évidence la véritable dynamique
de ces films, qui est basée sur les obstacles. Ceux-ci prennent
alors souvent plusieurs formes différentes : les obstacles
d’ordre social, sentimental, subjectif. Il faut remarquer
que, contrairement à la tradition du genre de la comédie romantique
américaine, l’obstacle d’ordre familial n’est pas présent
dans la comédie romantique de Richard Curtis. L’obstacle social
est bien sûr au cœur du genre de la comédie romantique :
ainsi tout oppose le turbulent Charles (Hugh Grant) de la
mystérieuse et exotique Carrie (Andie Mac Dowell) dans Quatre
Mariages et un enterrement. Et le fossé va se creuser
plus profondément entre la figure du berger des contes de
fées (le libraire William Thacker incarné par Hugh Grant)
et celle de la princesse (ici, Julia Roberts dans le rôle
pratiquement autobiographique de l’immense star de cinéma
Anna Scott). Dans le Journal de Bridget Jones, la différence
de milieu social des deux héros est clairement montrée lors
des scènes de réceptions organisées par les parents des héros
respectifs. Et dans Love actually qui met en scène
dix histoires d’amour différentes, on retrouve souvent cet
obstacle d’ordre social comme l’illustre la relation qui s’établit
entre le Premier Ministre anglais (Hugh Grant revisitant Tony
Blair) et son intendante (Martine Mc Cutcheon).
L’obstacle d’ordre sentimental concerne surtout la question
de la rivalité et de la trahison…Mais ce qui finalement permet
de surmonter cet obstacle sentimental (l’obstacle le plus
important dans le genre de la comédie romantique), c’est l’intervention
de la personne aimée, sous forme de « deus ex machina »
qui sauve la romance du film. Cette intervention in extremis
de l’être aimé (Carrie, Anna, Mark) permet de remettre à
égalité la relation entre le héros et l’héroïne, qui est au
cœur du genre de la comédie romantique.
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