Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     

 

 

 

 

 
Le ciel peut attendre (c) D.R.

Une autre figure que celle des bouquets de fleurs traverse le film, celle d’un bronze représentant un cheval hennissant. Encore une fois, nous relevons un détail jugé “ révélateur ” de l’œuvre, dans une sorte lecture symptômale de celle-ci. Néanmoins, nous ne sommes pas dans une interprétation exégétique pour deux raisons. La première est que notre interprétation ne se réfère à aucun texte externe à l’œuvre. La seconde est que le détail relevé, par sa récurrence sur l’ensemble de l’œuvre, semble cesser d’en être un. En quelques sorte, on peut dire que ses apparitions successives font système. Essayons d’en déterminer quelques occurrences. Lorsque la préceptrice vient s’entretenir pour la première fois avec le jeune Henry, un bronze de cheval hennissant occupe une étagère, derrière la porte d’entrée du boudoir. Situé dans les parties supérieures des cadrages, lors des champs sur la préceptrice des champs contre-champs de son dialogue avec le jeune homme, il peut renvoyer à une idée de séduction et d’assaut. Cette idée d’assaut est littéralement signifiée lorsque ce bronze, sur la cheminée du boudoir, dans le fond de champ, est la dernière chose qui sépare dans le cadre Henry de Martha, avant que celui-ci ne la prenne dans ses bras pour l’embrasser passionnément. On observe d’ailleurs que le sens de la charge du cheval est de la droite vers la gauche du cadre, c’est à dire contraire au mouvement d’Henry vers Martha. Ainsi, à la fin du film, lorsque Martha, au soir de sa vie, avoue à Henry que ce ne fut pas lui qui l’assaillit, mais bien elle, le cheval, en fond de plan, a l’élégance de lui donner raison. Martha fuit les bras d’Henry, mais le cousin Albert la force à revenir dans le boudoir, car elle éternue encore. Advient alors le deuxième assaut, lorsque les protagonistes, devant la cheminée, encadrent le bronze. Cette seconde charge du cheval est dirigée d’Henry vers Martha. La jeune femme s’écarte d’Henry, mais une statuette de nymphe, située dans le fond de champ derrière Henry, en position à la fois de repli (son bras recouvrant ses épaules) et offerte, trahit l’attitude de la jeune fille. De plus, le mouvement de recadrage sur l’avancée d’un Henry conquérant vers Martha lie la statuette au cheval hennissant pour l’annonce de la troisième charge du jeune homme qui amène le cheval derrière Martha, la pressant ainsi. Dans le fond de plan, derrière le canapé, le petit cheval au galop sur la hanse du vase en argent préfigure la soudaine demande en mariage d’Henry. On note d’ailleurs que ce cheval, dans une position d’ascension verticale, qui semble “ grimper ” le long de la hanse du vase, renvoie au brusque mouvement vertical de levée du canapé des personnages, sur cette annonce. Enfin, la dernière apparition du cheval hennissant de la cheminée ne sépare plus le couple Henry/Martha, puisque le bronze, décalé dans la partie gauche du fond de champ, indique ainsi, dans la scénographie, la porte de sortie du boudoir, et la fuite du jeune couple. Tel un cheval au galop.