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  Où est la maison de mon ami ? (c) D.R.

Dès le début, la mise en scène nous informe sur l’aspect fictionnel du film que nous voyons.  Première séquence : nous sommes dans une caisse de péage devant laquelle défile des voitures. Apparaissent dans le cadre, les conducteurs des véhicules qui payent leur ticket d’entrée pour accéder à la route principale. Visuellement, cette file de conducteurs nous rappelle une autre file, celle qui se tient devant la caisse d’un cinéma. Comme chaque conducteur, chaque spectateur prend son ticket pour accéder à un espace, synonyme de voyage immobile: la salle de cinéma.

Comme chez Hitchcock avec tout le début de Psychose par exemple,  la voiture joue un rôle de vecteur, de bulle protectrice comme le spectateur de ciné dans une salle de cinéma)… 

- A un moment le garçon fait avec ses doigts le geste que fait tout réalisateur pour choisir son cadre. Un plan nous montre ce qu’il voit à travers ses doigts. Il s’agit de nous dire que tout plan est pensé, imaginé avant d’être filmé.

- le garçon s’endort à l’entrée du tunnel… le générique du film. N’apparaît que lorsque le garçon s’endort dans le tunnel…  Ça y est le film commence. Au sortir du tunnel, nous sommes ailleurs… Il s’agit d’une représentation du dispositif qui se joue entre le spectateur et le film. En sortant du tunnel, c’est-à-dire à la fin du générique, nous sommes ailleurs : des dizaine d’hommes et de femmes, sur le bord de la route, s’affairent à la reconstruction de ce que le tremblement de terre à détruit. Il y a bien un avant et un après le tunnel, comme il y a bien un avant et un après le noir qui se fait dans une salle de cinéma, un avant et un après le générique. D’une certaine manière ce qui se joue pour les personnages du film (le réalisateur et son fils) est la même chose qui se joue pour le spectateur. 

Où est la maison de mon ami ? (c) D.R.

A deux moments, ce film-ci dévoile et dénonce son propre dispositif, et sa remise en question en tant que dispositif documentaire. Tout d’abord, la séquence avec le vieux. Kiarostami place le spectateur dans le point de vue de l’enfant, et de manière très pédagogique, non sans humour , rappelle que le film qui se déroule est immanquablement mis en scène.

Et ensuite, alors que le fils du réalisateur réclame de l’eau, le vieil homme s’adresse à la caméra, à l’équipe de tournage, en leur demandant où se trouve le bol qui aurait dû être là. Une voix hors-champ qu’on analyse comme étant celle de Kiarostami demande à la scripte de s’en occuper. La scripte apparaît en courant dans le cadre, lui apporte le bol et disparaît.

Pourquoi pas un documentaire finalement : permet de raconter des histoires (celle du père et du fils essentiellement)