MAINTENANT
Réalisatrice :
Inès Rabadan, Production : Denis Delcampe, Scénario
: Inès Rabadan, Image : Philip Van Volsem, Son : Griet
Van Reeth, Directeur artistique du son : Fred Meert, Montage
: Damien Keyeux et Inès Rabadan, Interpretation : Christian
Crahay, Nicolas Sers, Valérie Lemaitre, Nicole Colchat,
Jean-Luc Couchard et Nathalie Richard, Année :
2001, Pays : France et Belgique, Durée :
18 min , Sélection : française
Des battements d’enfance
Sur le gravophone du festival
de Clermont-Ferrand, un passage saute, insiste et se fait
entendre. Un lapin, déboussolé et oisif, pointe
du nez et hume l’air, au bord de la plaine étendue
du court-métrage français. En 1999, Inès
Rabadan naît au cinéma à Clermont, qui
lui décerne le Prix de la Jeunesse pour son quatrième
court-métrage Surveiller les tortues. Comment
l’être humain émerge et fait sa mue hors de son
corps passif pourrait résumer son œuvre : le cinéma
blanc-rosé d’Inès Rabadan, cri d’un enfant propulsé
très vite à l’âge adulte, se montre moins
prometteur qu’il ne propose déjà sa vision
ludique et anthropologique du monde. De Surveiller les
tortues à Maintenant naviguent des récurrences novatrices
: le monde du travail est successivement envisagé comme
un triste congélateur (deux licenciés vont apprendre
à vivre, à se décongeler), une usine
à poupées aseptisé, aux relents étirés
d’une tendre enfance (dans un rapport d’extinction/extension).
Dans Maintenant, Else, beauté lascive et fatiguée
interprétée par Nathalie Richard, s’extrait
d’elle-même et s’assoit en face de sa moitié.
Le présent, toujours ralenti, apparaît comme
un long et savoureux fondu enchaîné, l’instant
vital d’une prise de conscience. Illustration graphique ou
arithmétique du quotidien, l’œuvre précoce d’Inès
Rabadan, cinéaste surdouée, exhibe l’éveil
tardif, l’éclosion au monde.
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MES
INSOMNIES
Réalisatrice :
Valérie Gaudissart, Scénario : Valérie
Gaudissart, Production : Juliette Grandmont, Image : Philippe
Van Leeuw, Musique : Roland Cahen, Montage : Benoît
Alric, Interpretation : Aliocha Dernov, Hervé Falloux,
Blandine Pélissier, Benoît Giros, Nathalie Boutefeu,
Année : 2001, Pays : France, durée :
29 min, Programme : régional
Noyade suspensive
Mes insomnies prend
vie dans la marche en avant de son personnage, son ouverture
aux autres. Tournant comme la pointe d’un compas autour des
gens sans jamais dépasser ni briser la simple rotation
de l’instant, Mes insomnies, à l’image de Solange
qui parcourt de longues pentes glissantes et pentues, révèle
la conscience de chaque moment dans l’échappée.
La marche - le parcours échappatoire - est envisagée
comme carte, terrain, route balisée par l’instinct,
la direction de l’instant, bras ouverts au tout-venant de
la nature.
Certains partent ensemble
en voyage de noces, Solange part seule en voyage de répit.
Sur un quai de gare, elle tourne autour d’un couple qui s’embrasse
puis elle déplie, au plan suivant, une carte de la
région. Deux plans distincts qui exhibent l’essence
du voyage de Solange : observation minutieuse des gens
et immersion vers nulle part où aller. Partout, dans
les trains, métros ou bars, le sourire, dans la dualité
même du visage fatigué et illuminé de
Nathalie Boutefeu, esquisse son message de partage et son
mode de détresse. Dans un bar, elle demande à
la serveuse deux choses : du champagne et qu’on la porte
plus tard dans le train suivant. A la parade, l’ivresse passagère,
succède l’envolée de Solange, qui prépare
à la fois sa chute et son évasion. Dans chaque
ville de France comportant le nom Michel, et ses possibles
dérivés, Solange perpétue Michel, l’être
aimé. Douceur de la chute, oisiveté de la catharsis.
Le sens de la visite des lieux se suspend et s’efface, ne
cessant d’être nommé et de se dérober,
dans un ailleurs qui signe la recherche de la personne et
sa fuite.
Mes Insomnies.
C'en est une : on se reconnaît (émotion
basique) en Solange, dans son évasion, son échappée,
sa chute, sa préméditation et la suspension
d'une vie ; cette conscience de soi par moments dans
la marche, son ouverture aux autres (le toucher, le donné)
dans un ailleurs qui mène à soi. Des points
de suspension. Une Nathalie Boutefeu exténuée,
qui fait le paon par détresse, et dont on capte les
nervures du désir. Un film dont trop peu de gens à
Clermont ont clamé la beauté malade et fragile.
Amour défunt, des feintes d’amour : Mes Insomnies,
les siennes, les miennes, les vôtres.
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BUENOS AIRES SOUVENIR
Réalisateur : Sean Garrity, Production,
Scénario, Montage et Image : Sean Garrity, Musique
: Richard Moody, Son : Russ Dyck, Directeur artistique du
son : Russ Dyck, Animation : Yumiko Sakamoto et Sean Garrity,
Interpretation : Gordon Tanner et Stacey Wilkinson, Année :
200, Pays : Canada, durée : 5 min,
Sélection : Internationale
Défunt amour
Une femme repense à
une brève aventure qu’elle a eue lors d’une aventure
en Amérique du Sud. Découpe de maisons sur papier,
fragmentation et morcellement de la mémoire :
en cinq minutes limpides, Buenos Aires souvenir recompose
la magie des lieux et des instants (regard, dialogue) qui
forment l’essence d’un amour perdu. Le montage des objets
ou lieux effacent tout en perpétuant l’absence des
visages. Dans les jump-cuts et la pellicule super 8 étiolés
par la réminiscence, une question subsiste : s’agissait-il
d’une liaison amoureuse ? Un regard humain, un seul,
orne ce collage expérimental, quête d’une objectivité
qui décline dans le fondu au noir, ou l’arrêt
sur image d’un oiseau aux ailes déployées sur
le crâne. Dans sa méditation sur la mémoire,
Buenos Aires souvenir en restitue l’envolée et le soupir,
entre disparition, fixité et voyage des images passées.
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