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Azyl Killer ou : je veux seulement filmer l’amour

  Azyl Killer (c) D.R.

Réalisé par les " Igosta Brothers ", tourné pendant un an et demi selon les disponibilités de ces comédiens d’occasion, Azyl Killer suit le parcours d’un réfugié contraint de frayer avec la mafia russe pour pouvoir s’installer, et réaliser sa vocation de cinéaste. Influencés par le Guy Ritchie d’Arnaque, Crime et Botanique, dont ils réitèrent la fascination pour les effets cinétiques, les frères Igosta s’appuient sur un comédien (il est en fait musicien) remarquable, dont la capacité burlesque appelle d’autres rôles. Les séquences les plus cohérentes, qui prennent place dans le décor original d’un centre d’accueil pour immigrés, ouvrent et ferment le film. Au milieu, cela tient plus de la succession de sketchs sur le thème du " tueur malgré lui ". Le tournage fragmentaire se fait sentir, mais recèle quand même de très bonnes idées (les soudaines immersions du personnage dans son rêve, au beau milieu d’une fusillade). Au final, la jubilation devant la galerie de seconds couteaux qu’épingle le film minore son manque de cohérence.


Teflon
de Barry Nathan (Suède) 

Se focalisant sur un rêveur anonyme, fantasmant sur une jeune femme croisée dans le métro chaque jour, Teflon rejoue le thème de l’incommunicabilité, cette fois dans une absence quasi-autistique. En inscrivant sa mise en scène dans des espaces intermédiaires clos (le métro, une station de radio), Teflon offre un remarquable travail sur la couleur, qui semble imprégner le corps même de l’image, comme si l’emprise du réel " déteignait " sur tout. Cette couleur engluante opère dans un renversement de valeurs qui travaille l’idée reçue du rêve comme échappatoire ( on pense au " Sleep " du Big Brother de Georges Orwell). La rêverie érotique, colonisée par la pornographie, n’est plus un espace de libération, mais rejoint un réel donné comme somnambulique. Dès lors, le refus de la jeune femme d’enregistrer le décompte de l’horloge parlante, apparaît comme un acte de révolte dont l’éphémère ne pèse pas lourd face à la torpeur fantasmatique du réel décrite par Teflon.


Paris 2000, Année du Dragon, de Perla Tucillo et Nicolas Billy

Taxi Driver (c) D.R.

…Ou la nuit de travail d’un chauffeur de taxi asiatique. Ce court film (5’) à la lisière du fantastique use du thème du double pour donner à voir le travailleur (clandestin ?) comme absent à lui-même. Les trajets en voiture, la nuit, s’offrent dans un beau n&b qui évite le cliché de la ville " infernale " (Taxi Driver), au profit d’une image délicate et morbide. Avec une sorte d’ironie noire, en creux, Paris 2000, Année du Dragon travaille d’autre part le préjugé des asiatiques " tous identiques " en s’attardant sur le peu de choses qui différencient un homme d’un autre (une photo, une mélodie), signes futiles d’une existence.


Maloriage
, de Antoine Moreau

Maloriage s’inscrit dans les codes du film noir, avec son personnage de " femme fatale " séduisant son voisin fermier afin qu’il assassine son salaud de mari. Mais ce film nantais, terre de l’art vidéo rigolo (Pierrick Sorin, pour n’en citer qu’un), part du drame campagnard, et de sa thématique de lutte des classes fleurant bon la qualité française, pour mieux le détourner. Placé sous la double influence de Russ Meyer (les grosses poitrines en moins) pour son cynisme, et des Deschiens pour l’attachement maniaque au kitsch, Antoine Moreau réalise un film théâtral, de très mauvais goût, mais paradoxalement très drôle. La chute finale, décevante, minore cependant l’attention portée à la création d’un univers original, en rabattant le film sur l’onirisme. Une dernière citation (Le Magicien d’Oz ?) de trop.