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La musique au cœur du voyage

Karel Zeman(c) D.R.

Couronnement de ce " Voyage Surprise " en République tchèque, le ciné concert conçu comme une expérience de création unique, a réuni les Conservatoires de Prague et d’Epinay Sur Seine autour des films d’étudiants tchèques et français sur des compositions originales de Marc Olivier Dupin, Petr Ostrouchov et Pavel Trojan.

Au rayon programmation, on a pu retrouver toute la diversité et la force du cinéma d’animation tchèque. Des délicieux dessins animés de Karel Zeman mêlant animation et prise de vue réelles aux œuvres du maître incontesté du film de marionnettes Jiri Trnka en passant par Bretislav Pojar, Hermina Tyrlova et la dernière génération renouvelant avec originalité et ferveur la tradition de la marionnette animée : Jiri Barta et Jan Svankmajer.



De Bretislav Pojar à Jiri Barta : la République Tchèque, terre d’élection de la marionnette animée.

L’âge d’or de la marionnette

  Un verre de trop de Bretislav Pojar (c) D.R.

" Je crois que je vais abandonner le cinéma d’animation ! Je soupire. Il sourit, incrédule. " Je ne vous crois pas. Je ne veux pas le croire parce que Pojar sortant des jardins du cinéma d’animation, c’est tout à coup la lumière qui baisse, un peu moins d’intelligence et de beauté. "²

Quand on se réfère au cinéma d’animation tchèque et à ses origines, deux figures phares s’imposent immédiatement : Bretislav Pojar et Jiri Trnka. Deux cinéastes d’animation tchèques qui ont su marquer les esprits à jamais par leur approche singulière de l’animation en volumes et par la diversité de leurs œuvres.

Trnka apparaît comme le cinéaste qui symbolise la naissance de la marionnette animée cristallisant une période dite de fondation historique du cinéma d’animation tchèque. L’art d’animer de Trnka est marqué par une immobilité récurrente, sa mise en scène étant directement relié au théâtre de marionnettes. Son héritier le plus doué : Bretislav Pojar était présent à Epinay Sur Seine pour parler de sa conception du cinéma et de son approche de l’animation des marionnettes.

Bretislav Pojar (c) D.R.

Bretislav Pojar est un des réalisateurs pionniers du cinéma d’animation après Trnka. Il est actuellement professeur à la FAMU de Prague, une école d’enseignement supérieur de cinéma. Il a réalisé des courts métrages d’animation : Une chaumière de pain d’épices (52), Un verre de trop (53), Psychocratie (68), La jeune fille au pommier (74), des long métrages de fiction dont son plus connu est Les Aventures dans la baie d’Or (55), et des long métrages d’animation Le petit Parapluie (57), Bombomanie (57) et Le Lion et la chanson (59) Balablok (73)

Pojar est un cinéaste d’animation qui s’inscrit dans la tradition de la marionnette animée. Il apprend les fondements du métier en travaillant au studio de Jiri Trnka en 1940. A cette époque, encore plus que maintenant, le cinéaste contrôle tout les paramètres du film : les décors, la lumière, les effets spéciaux, le scénario, la fabrication des marionnettes. On touche ici à une partie de l’animation qui se rapproche le plus des arts plastiques. Le cinéaste de marionnette animée est donc d’abord un artisan.

  Un verre de trop de Bretislav Pojar (c) D.R.

Bretislav Pojar se détache de Trnka et ouvre son propre studio à Prague. Il s’essaie au long métrage de fiction, mais il lui est difficile de se faire accepter, et les conditions scénaristiques sont plus restrictives. Pojar revient donc à son domaine de prédilection : l’animation. Un terrain cinématographique fertile où l’imagination n’a plus aucune limite. Pour lui, le public enfantin est beaucoup plus intéressant car il est complètement concentré sur un film.

Ce qui marque la rupture entre le cinéma de Trnka et le sien c’est la dynamique du mouvement qui donne à son cinéma un style cinématographique novateur - dans les années 50 - s’éloignant ainsi de l’origine théâtrale des marionnettes. Trnka aimait les scènes sans mouvement, sa scénographie étant directement reliée au théâtre de marionnettes.

Afin de casser le caractère théâtral du personnage de la marionnette, Pojar a voulu faire des films avec un style différent, un style très cinématographique, comme le montre le plan subjectif du motard dans Un verre de trop, tout en gardant la figure du masque immuable chez ses marionnettes.