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Le Golem : la terre, une matière magique

  Krisar, le joueur de flûte  (c) D.R.

Pour son prochain long métrage en préparation, Jiri Barta a opté pour une méthode d’animation inédite - développée uniquement pour ce film - qui mélange trois types de techniques : des acteurs réels, une animation avec la terre et l’ordinateur qui sert d’intermédiaire entre les deux premières techniques.

Le cinéaste justifie ainsi son choix pour la terre : " Pour moi, la terre est une matière magique ". Barta adapte le choix de ses matériaux et de sa technique en fonction des choix narratifs et thématiques. La technique se met ainsi au service du scénario et du meilleur matériau choisi pour réaliser une adaptation du Golem : une statue d’argile, dotée d’un signe magique sur le cœur.

Mais le cinéaste précise que son film n’est pas une adaptation du Golem classique. Il s’est inspiré du roman de Gustav Meyrink, qui se passe au 19ème siècle dans le vieux ghetto de Prague, pour retranscrire sa propre vision de la légende.

Krisar, le joueur de flûte  (c) D.R.

De même, pour Krisar le joueur de flûte, l’histoire renvoie pour lui à une esthétique du Moyen Age. Barta a donc choisi de fabriquer ses marionnettes en bois avec un emprunt formel à la sculpture cubiste. Il existe autant de techniques que de sujets. Ainsi, on ne peut pas retrouver de style commun à ses différents films, mais parfois des thématiques communes, car chaque sujet l’interpelle de manière différente.


Krisar, le joueur de flûte

L’histoire de Krisar est tirée du célèbre conte médiéval allemand " Le joueur de flûte de Hamelin " de Gustav Merrick. Dupé par les bourgeois d'Hamelin qui l'avaient chargé de débarrasser la ville d'une invasion de rats, un magicien joueur de flûte se venge en retournant contre la population locale le pouvoir hypnotique de son instrument. Jiri Barta transforme ce conte cruel en une parabole sur la concupiscence et la mort. Une fable grinçante, noire, aux limites de l'épouvante.

  Krisar, le joueur de flûte  (c) D.R.

Jiri Barta a fait le choix d’un style cubiste et expressionniste car ils correspondent pour lui à un style germanique collant parfaitement à cette histoire. A propos de la stylisation de l’espace, le cinéaste explique que si le film contient une perspective distordue, c’est qu’il voulait donner à la ville un aspect mauvais et montrer ainsi l’introduction du Mal dans la ville. L’utilisation de la lumière participe de cette thématique, le village étant toujours plongé dans une obscurité rappelant les ténèbres.

A l’opposé, la marionnette Agnès est un îlot de clarté. En effet, elle baigne toujours dans la lumière et la douceur, elle est petite et mince, ce qui crée un contraste avec les autres personnages de la ville qui sont grands, gros et mauvais. La marionnette Agnès représente la dernière âme pure de la ville qui va être vaincue par le Mal.

Entre le monde des habitants et celui d’Agnès, il y a le monde des rats. L’équipe du film a utilisé de vrais rats filmés en gros plan. Une dimension animalière très importante dans cette œuvre, puisque mêlés aux marionnettes de bois, elle crée un langage animé unique. Mais au-delà des personnages, c’est la bien thématique du temps qui constitue le cœur du film. Cette thématique est présente dès le début du film. Le premier plan nous montre une mécanique d’horloge symbolisant ainsi le côté mécanique des habitants et de leur vie.