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Parmi les sept films présentés,
trois retinrent plus particulièrement l’attention.
Tout d’abord Batyscaphe, réalisé par
un ingénieur du son, Fred Meert, et dont l’intérêt
réside justement dans le fait qu’il n’y ait que dix
secondes d’images sur sept minutes de films… Dans J’adore
le cinéma, le réalisateur pose des questions
graves avec un ton décalé, symbolisé
par le personnage principal complètement loufoque.
Une réflexion sur le pouvoir de dénonciation
du cinéma, arme qui peut se retourner contre celui
qui l’utilise… et enfin, Travellincks. Réalisé
par Bouli Lanners, éminent membre des Snuls (penchant
wallon des Nuls), ce film est fabriqué selon le même
principe que C’est arrivé près de chez vous,
en y intégrant le même humour noir typiquement
belge… seul le thème diffère…
La Carte Blanche accordée au festival de Leuven fut
aussi une réussite… Simplement deux films marquants,
mais quels films ! Tout d’abord, To Speak, l’histoire
d’un garçon qui ne parvient pas à parler… Ce
film ne bascule pas dans la caricature et possède une
véritable dimension humaine. Magnifique. Plus léger
et plus drôle, The Bloody Olive, adaptation d’une
courte bande dessiné de Lewis Trondheim's, déjà
projeté à Brest il y a trois ans, est une parodie
de film noir complètement absurde comme seuls les Belges
sont capables d’en faire !
AU NOM DU FURHER
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C’est le titre de l’un des
deux long-métrages présentés au festival
dans le cadre des séances Belgique. Réalisé
par Lydia Chagoll et Frans Buyens, ce film met en parallèle
les textes nazis d’avant-guerre et les actes perpétrés
par ces mêmes nazis pendant le conflit mondial, tout
en gardant comme dénominateur commun le traitement
des enfants. D’une force insoutenable, le film l’était
sûrement en 1977, date de sa sortie… Mais force est
de constater que 25 ans plus tard, le film est desservi par
un insupportable manque de rythme.
Le lendemain de la projection, les deux réalisateurs
donnaient une conférence… On y apprit que Lydia Chagoll
passa une partie de son enfance dans des camps japonais… On
comprit donc l’importance de ce thème pour la réalisatrice…
Malheureusement, le débat ne tint pas ses promesses,
les questions relatives à la mémoire et au cinéma
ne furent que très peu abordées.
LES COUPS DE COEUR
The
red peppers de Dominic Santana.
Grande Bretagne.
La vie est loin d’être rose pour les Peppers, couple
d’artistes œuvrant au sein d’un théâtre britannique
dans les années 1920. Affublés d’un nom propre
à susciter les calembours les plus méchants
- "Peppers" signifiant poivrons en français -, ils
subissent en outre les foudres du chef d’orchestre qui accompagne
leur numéro de music-hall. Cherchant la célébrité
à tout prix, il se pâme devant la star de l’endroit
qui, dédaigneuse, consent à peine à lui
jeter quelques regards. Elle, plus lucide, reproche à
son clown de mari de n’être qu’un artiste sans grand
talent, tout juste bon à faire rire les imbéciles.
Mais un jour, le chef d’orchestre, passablement agacé
par l’attitude des deux acteurs, accélère le
rythme du morceau qui accompagne le numéro des deux
compères. Mme Peppers, fatiguée par toutes ces
années passées à jouer sans cesse avec
les apparences, a une attaque cardiaque. M. Peppers accourt
vers son épouse qu’il serre contre sa poitrine. Fini
les disputes, les scènes de ménages entre deux
numéros : l’amour et la tendresse reprennent leurs
droits. Mais Mme Peppers, épuisée, succombe
sans pouvoir rien dire. 1954... Nous nous trouvons devant
un théâtre de rue pour enfants, de ceux qui firent
les succès du grand Guignol. Là, avec des moyens
dérisoires, dans l’anonymat le plus total, mais devant
le meilleur public qui puisse exister, deux marionnettes rejouent
inlassablement le numéro qui causa, trente plus tôt,
le décès de Mme Peppers. Derrière le
panneau de bois, agitant des poupées jour après
jour, son mari. On ne dit rien. C’est l’émotion qui
parle. Qui vous prend sans que vous vous y attendiez. Là
où ça fait mal. Si pendant les dix premières
minutes, on est loin de se douter de l’excellence du scénario,
c’est bel et bien avec la chute, mise en scène avec
la plus grande pudeur, que Dominic Santana nous surprend.
Celle-ci est d’autant plus inattendue que, rien, auparavant,
ne nous la laissait entrevoir. On en ressort alors bouleversé,
justement parce que Santana a ce don magique de bousculer
les cœurs et les âmes sans mot dire.
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