Autre film documentaire remarqué
à Belfort, Pola à 27 ans de Natacha Samuel.
Pola, c’est la grand-mère de Natacha. A 27 ans, l’âge
actuel de la réalisatrice, Pola a perdu toute sa famille.
C’était au début des années 40, à
Auschwitz, où elle était aussi prisonnière
des camps de la mort. Avec beaucoup de respect et de pudeur,
Natacha Samuel va interroger la mémoire de sa grand-mère.
Que lui reste-t-il de ses 27 ans ? De ces instants dramatiques,
de l’horreur éprouvée ? Le film enregistre le
dialogue entre Pola et sa petite fille, émue, discrète.
Il laisse entendre les silences, aussi. Puis vient le temps
du voyage en Pologne, et la visite des camps de l’horreur. Pola
à 27 ans n’est pas un "film de plus" sur
la mémoire de la Shoah. C’est un film modeste et essentiel,
qui sortira en salles en mars 2003.
EN MARGE DE LA COMPETITION
Entre deux films de
la compétition, se redéployait sans cesse à
Belfort le plaisir naissant de (re)découvrir quelques
classiques et raretés dans les différentes sections
("Les vitesses du cinéma" - programmation
thématique de l’année -, "les chantiers
de la mémoire", etc) . La rétro Michael
Cimino permit de réévaluer une fois de plus
l’oeuvre de celui qu’on a trop souvent qualifié d’auteur
maudit sans jamais assez souligner le lyrisme et le rage de
la mise en scène. Parmi les films présentés,
une vraie rareté : Silent Running, dont Cimino
co-écrivit le scénario et Douglas Trumbull (maître
es effets spéciaux hollywoodiens) signa la réalisation.
Le film, doucement kisch (surtout dans la version française
surannée qui était présentée),
peut être interprété comme une belle métaphore
de la condition artistique, Freeman Lowell (Bruce Dern) se
battant comme un beau diable au milieu de l’espace pour préserver
les dernières traces de végétation terrestre.
Mais l’un des événements de l’édition
2002 d’Entre Vues restera la présentation de l’intégrale
des films réalisés par les groupes Medvedkine.
Cette rétrospective qui rencontra un grand succès
public permit de (re)voir les réalisations issues d’une
formidable utopie née dans les années 70 : à
cette époque, plusieurs dizaines d’ouvriers de Besançon
et de Sochaux, se sont emparés de l’outil cinéma,
accompagnés par quelques réalisateurs et techniciens
(Chris Marker, Jacques Loiseleux, Antoine Bonfanti,etc). Cette
expérience reste unique à ce jour dans l’histoire
du cinéma français. Le résultat dépasse
le cadre du film militant. Les quelques courts métrages
vus à Belfort relèvent d’un grand cinéma,
inventif, émouvant, caustique. Des parodies amères
de Week-end à Sochaux (1971-72) à la
poésie bouleversante de Lettre à mon ami
Pol Cèbe : dans ce film, trois amis partent en
voiture pour présenter à Lille le fim Classe
de lutte. Ils tiennent la caméra alternativement,
s’amusent comme des enfants découvrant le cinéma
, ce fameux "faire comme si" cher à Jean
Rouch qui se mue en ode grave et passionnée, combative
et militante. Sublime.
LE PALMARES 2002 - PRIX DES JURYS Films Fictions Grand Prix Long Métrage Français :
Les Jours où je n’existe pas de
Jean-Charles Fitoussi
Grand Prix Long Métrage Etranger :
Klassenfarth de H. Winckler (Ex æquo)
Grand Prix Long Métrage Etranger :
Mirror de Hakan Sahin (Ex æquo)
Grand Prix Court Français : Paul
Johnson après sa fuite équatoriale de
A. Maudru
Grand Prix Court Métrage Etranger :
Salzfische de Till Endemann (Ex æquo)
Grand Prix Court Métrage Etranger :
Slow Start de Marc Schmidt (Ex æquo)
Prix Gérard Frot-Coutaz : Les Jours
où je n’existe pas de JC Fitoussi
Prix Léo Scheer (aide à la distribution) :
Mods de Serge Bozon
Films
Documentaires Grand Prix Doc. : Un cirque à
New-York de F. Pressmann (Ex æquo)
Grand Prix Documentaire : Justice pour
Zamani de R. Bertrand (Ex æquo)
Prix Spécial Documentaire : Niege
sur l’Yili de Lei Feng
Prix du Public Prix Long Métrage : À
la gauche du père de Luiz Fernando
Carvalho
Prix Court Métrage : La chatte
andalouse de Gérald Hustache-Mathieu
Prix Documentaire : Un cirque à
New-York de Frédérique
Pressmann