Prix spécial
du jury : Petites histoires de Carlos Sorin (Argentine)
Le photographe italien Mario Dondero
a offert ce prix à ses « cousins argentins » (il y a
une très large communauté italienne en Argentine), ému par
ces Petites Histoires. Un très joli film dans le cadre
de ce qu’on peut désormais considérer comme un genre :
le «film à destins entrecroisés». En Patagonie, les routes
d’un vieillard cherchant son chien, d’une jeune femme pauvre
et timide qui a gagné un passage à la télé et d’un VRP libéral
se rejoignent dans la ville importante de la région. Du grand
cinéma ? Peut-être pas – quoique filmé avec maîtrise
et assurance. Mais si certains lui reprochent des recettes
un peu faciles (comme le grand-père attachant, déjà utilisé
dans le beau Cheval de vent, l’année dernière), le
film fait une preuve indéniable et touchante d’humour et de
sensibilité. Cette tendre drôlerie a interpellé le jury Jeune
Public, qui lui a également attribué son prix. Une récompense
suffisait peut-être, mais les jurys étaient indépendants et
ce Prix spécial montre à quel point le film de Carlos Sorin
a plu.
Prix d’interprétation féminine : Zhou Wenkian
dans Les Femmes de Shanghai de Xiaolian Peng (Chine)
Zhou Wenkian est une jeune chinoise
qui n’avait jamais fait de cinéma et ne compte pas en refaire.
Rien n’interdit de décerner des prix à des non professionnels :
ça s’est déjà vu, et c’est parfois justifié. Mais cette gentille
adolescente n’a rien fait qui puisse sauver Les Femmes
de Shanghai. On ne l’en blâme pas : les acteurs sont
livrés à eux-mêmes dans ce film sur des femmes chinoises à
la recherche de leur liberté, vague mélo aux dialogues ridicules
et où l’on a du mal à déceler une mise en scène. Fallait-il
pour autant la récompenser pour s’être débrouillée toute seule,
comme une grande… ?
Prix d’interprétation masculine : Fang Chih-Wei
dans Le Goût salé du soja de Ming-Tai Wang (Taiwan)
Autre prix obscur pour l’un des acteurs
de ce film bizarre et bancal d’un collaborateur de Tsai-Ming
Liang. Ses images sont très belles mais l’on se désintéresse
bien vite des personnages et reste indifférent à ce qui est
raconté tant il n’y a aucun enjeu. Le film atteint même un
ridicule achevé lors d’une séquence elliptique en musique
(du genre : « …et la vie continue pour nos personnages… »),
brusquement parachutée au milieu, ainsi qu’à la fin, lors
d’une scène grand-guignolesque traitée en d’ignobles ralentis
saccadés. Je suis en train de critiquer le film alors que
je devrais parler de l’acteur primé. Mais lequel est-ce ?
C’est ce que je ne sais pas : aucun ne m’a marqué dans le
film.