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Théâtre du golf (c) Nicolas Journet

Se succèderont ensuite sur l’estrade les auteurs Marion Lainé, Patricia Desmortiers, Alice Winocour, le duo Olivier Peyon-Cyril Brody et enfin Nadim Chammas. Mais au festival des scénaristes de La Ciotat, il faut savoir faire des choix. Jusqu'à trois ou quatre activités se déroulent simultanément. Et toutes plus alléchantes les unes que les autres. Ainsi, alors que le Forum des auteurs suit son cours, Le chignon d’Olga est projeté au cinéma Lumière. L’envie d’aller voir ce premier long-métrage de Jérôme Bonnell est la plus forte. Il faut dire que le troisième court-métrage du jeune réalisateur français avait été lui aussi programmé dans le cadre du festival. Comme Liste rouge (titre de ce court-métrage) était très bon et que le fait d'avoir manqué Le Chignon d'Olga à sa sortie constituait une source de curiosité cinéphile, le choix était fait : en route pour deux heures d'obscurité.

Le Chignon d'Olga est un beau film sur le deuil, mais aussi le joli tableau d'une certaine jeunesse française actuelle. Les scolaires, lycéens et collégiens, ne s'y sont pas trompés. A la fin du film, félicitations, remarques et questions fusent du côté gauche de la salle, là où se sont regroupés les jeunes élèves et leurs professeurs. La présence de ces scolaires durant les séances est l'une des forces du Festival des scénaristes. Certes, ils font un peu plus de bruit que la moyenne et peuvent paraître dérangeants au premier abord, mais ils ont une relation rafraîchissante avec le cinéma. Ils aiment un film, ils l'applaudissent. Ils ne l'aiment pas, ils le huent. Un tel comportement n'est pas respectueux du silence observé par les autres spectateurs, mais il démontre un vrai plaisir à fréquenter les salles obscures. Comme quoi les jeunes ne sont pas forcément les décérébrés du cerveau assoiffés de nanars hollywoodiens qu'on veut bien nous décrire.

  Lecture de scénarios (c) Nicolas Journet

Prochaine étape : le théâtre du Golfe pour des lectures de scénarios. Nicolas Larzul et Agathe Teyssier, des jeunes talents de l'Adami, lisent à deux voix celui d'Isabelle Boni-Claverie, "Pour une nuit". Tandis que Pierre Santini s'approprie de manière fabuleuse celui de Karim Boulila intitulé "La rencontre". Ces lectures sont l'un des plus beaux moments du festival. Un véritable lien se noue entre les acteurs-lecteurs et le public. Et l'on sent charnellement que ce lien est fragile, tenu, qu'un petit rien pourrait venir le briser. À chaque bafouillement ou hésitation de l'acteur, l'histoire est comme suspendue, prête à tomber à plat. Et puis le comédien se rattrape, repart sur un phrasé plus léché et de nouveau les spectateurs replongent dans le récit avec cette sensation très cinématographique d'être entraîné dans un univers parallèle où le temps, le lieu et l'espace disparaissent.

La journée s'achève avec la projection de Rachida, le film choc de Yamina Bachir-Chouikh. Tout n'est pas parfait dans ce film, mais il dégage une telle énergie, le thème développé (la menace islamiste en Algérie vue par une jeune femme) est tellement fort qu'il annihile toute critique. Sauf peut-être une. La réalisatrice a tendance à tomber dans un manichéisme de mauvais aloi. Pour rendre les terroristes islamistes encore plus effrayants (est-ce vraiment la peine ?), elle fait maquiller en noir les contours des yeux des acteurs qui les interprètent. De même, elle filme des ninjas, corps d'élite de l'armée algérienne spécialisé dans la lutte anti-terroriste, comme de gentils policiers attentifs à la population. Ce qu'ils ne sont pas vraiment. Mais cela reste globalement un film très efficace et très juste sur une période tragique de l'histoire algérienne. Y a-t-il seulement en France  cette même capacité de réagir au réel, non pas par des documentaires comme cela se fait beaucoup ces temps-ci mais par des films de fiction ? A peine sorti du cinéma Lumière, un violent orage éclate. Ce n'est pas le premier de la soirée. La projection de Rachida avait déjà été interrompue à plusieurs reprises par des coupures de courant intempestives. Des dizaines d'éclairs bleutés lézardent le ciel. Au loin, la foudre tombe sur un mât de voilier qui vibrillonne dans la nuit.