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Vient l'heure de la cérémonie
de clôture. Deux cent personnes sont rassemblés dans une salle
polyvalente de la ville pour assister à la remise des prix.
Isabelle Massot refait un petit discours, saluant le travail
accompli par son équipe et soulignant le manque de soutien
logistique et financier de la mairie, puis Thierry Colby prend
les rênes de la soirée. L’animateur collabore notamment pour
l’émission "Comme au cinéma" de France 2 et c’est
fou ce qu’il ressemble à son patron Frédéric Lopez. Même sympathie
dégagée, même sourire éclatant, et même aspect lisse de celui
qu’on surnomme le nouveau Drucker. Les lauréats se succèdent
sur la scène. Jean Cosmos, invité d’honneur de cette 6ème
édition du Festival des scénaristes, reçoit des mains de Bertrand
Tavernier un "Mathias d’honneur" pour l’ensemble
de sa carrière. Le public se lève d’un bloc et le gratifie
d’une longue ovation. Martine Doyen, participante du Forum
des auteurs 2002, se voit attribuer le "Coup de cœur"
de la Fondation Gan pour le cinéma, bourse de 2 000 euros
récompensant le travail de réécriture réalisé depuis son passage
l’an dernier au Festival des scénaristes.
Le Marathon d’écriture du court-métrage rend lui aussi son
verdict. Le jury - présidé par l’actrice Maria Schneider et
composé de la comédienne et réalisatrice Stéphanie Murat,
du journaliste Thierry Colby, du producteur Hubert Toint de
Sagafilms et de Georges Goldenstern de la Cinéfondation -
a décerné son Grand Prix à Christophe Botti pour “ Totem
et Tabou ” et une mention spéciale à Philippe Beauchamp
pour “ Des fils dénoués ”. Parallèlement, un jury
de jeunes Ciotadens présidé par la réalisatrice Brigitte Coscas
a remis le Prix de la ville de La Ciotat, soit une bourse
à l’écriture de 763 euros, à Nicolas Servet pour “ L’enclave ”.
Les trois lauréats du Marathon passeront quinze jours au Centre
des écritures cinématographiques du Moulin d’Andé. Pour clore
cette séance de récompenses et par là-même le festival, Pierre
Santini lit le scénario gagnant de Christophe Botti. Avec
autant de talent que vendredi.
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Une soirée de conclusion
est ensuite proposée aux festivaliers. Buffet à volonté (encore
faut-il pouvoir l’atteindre !), musique mixée par Martin Sauvageot,
l’ambiance est conviviale et joyeuse. Direction la table où
sont installés les vainqueurs du Marathon et là gros coup
de cœur pour le spécial mentionné Philippe Beauchamp. Ce trentenaire
d’origine lyonnaise est incroyable d’humour, d’intelligence
et d’humilité. Rien que ça. Il évoque d’une manière sainement
distancié son prix (il est ravi de l’avoir obtenu, mais n’est
pas dupe de la dose de subjectivité qu’il renferme), de son
travail de scénariste (il aime écrire, mais il veut aussi
réussir sa vie d’homme, prendre soin de sa famille). Au cours
de la conversation, il met aussi tout naturellement en avant
le travail des autres marathoniens. Par exemple celui de Mirabelle
Kirkland qui n’a pas reçu de prix, mais dont le scénario a
été salué par Maria Schneider. Et ce n’est pas de la flatterie
gratuite, on ressent à son contact une vraie sincérité, un
véritable goût des autres.
Le caractère de Philippe Beauchamp est d’autant plus euphorisant
que dans le milieu du cinéma tout le monde n’a pas les mêmes
dispositions philanthropiques. Quelques instants plus tôt,
une élève de la Fémis regardait ainsi votre narrateur droit
dans les pectoraux. Certes, la musculature de cette zone est
impressionnante, mais une fixation si longue (une bonne dizaine
de secondes) a quand même de quoi surprendre. En réalité,
après analyse de la direction du regard, la jeune fille n’admirait
pas le corps, mais le pass du festival tournicotant contre
celui-ci. Ah, le prestige de l’étiquette ! Sur ce bon résumé
de la nature humaine, entre grandeur et petitesse, il est
temps de retrouver son oreiller. Car à force de courir dans
les rues de La Ciotat pour essayer de ne rien manquer d’un
programme passionnant et foisonnant, la fatigue commence à
se faire sérieusement sentir.
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