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  The Godfather (c) D.R.

Le succès des premiers films de gangsters américains du parlant est énorme et immédiat. L’inquiétude des milieux politiques, religieux et associatifs est en effet proportionnelle à l’engouement populaire suscité par ces œuvres, avec notamment une contradiction entre l’individu et le groupe, le désir naturel de transgresser la loi et la nécessité sociale de s’y soumettre. Dès 1930, la presse publie d’innombrables articles sur le danger social que représentent ces films. Capone sent bien l’air du temps quand il condamne sans équivoque les films de gangsters ; on devine alors à quelle unanimité critique se heurtent les studios.

Le cinéma, dès ses origines, a été l’objet de censures multiples et désordonnées, d’abord par les polices locales, ensuite par des commissions nommées à cet effet au niveau des municipalités puis des Etats. Or l’industrie du cinéma était fragile face à ces contrôles, la Cour suprême ayant défini le cinéma de 1915 comme « business pure and simple », assimilé au cirque et au music-hall, ce qui ne lui accordait pas le statut de moyen d’expression et ne le plaçait pas sous la protection du Premier Amendement de la Constitution.

Durant les années 20, dans un climat de libération des mœurs, les attaques contre Hollywood se multiplient non seulement contre les films mais aussi contre la communauté Hollywoodienne. Cette situation conduit les majors de l’époque à fonder la MPPDA en 1922, avec à sa tête un politicien de haut rang, afin d’améliorer l’image du cinéma et d’Hollywood auprès des leaders d’opinion du pays. Hays doit lutter contre une loi de censure et convaincre les Américains que l’industrie du cinéma assure son autocensure. D’où le code de Production (code Hays), dont l’idéal est de ne choquer personne.

Le Faucon maltais (c) D.R.

Au début des années 30, une offensive majeure est lancée contre le cinéma par une institution catholique, la National Legion of Decency. Une campagne de signatures récolte dix millions de noms et reçoit le soutien du Pape en personne (l’Encyclique Viliganti Cura de Pie XI, en juin 1936). Les pressions multiples conduisent Will H. Hays à imposer en 1934 la création de la Production Code Administration (PCA) aux producteurs Hollywoodiens. Ainsi, pour obtenir le sceau d’approbation qui leur permettra d’être distribué dans les salles des Majors, les films devront être soumis à la PCA dès le stade du scénario et visionnés avant leur sortie. Dans les films de la Warner, qui sont des films sociaux, le mal est présenté comme une maladie. The Public Enemy rappelle que « L’ennemi public n’est pas un homme, ni un personnage - c’est un problème que tôt ou tard, Nous, le public, devrons résoudre ».

L’application du code a eu des répercussions décisives sur l’évolution du film criminel, mais le contexte économique, politique et social du New Deal ont aussi fait partie du processus de pression. Rappelons que Scarface (Hawks) est une œuvre dont la sortie a été longuement retardée et qui a été triplement censurée : par des coupes (passages jugés trop violents), des scènes rajoutées (la fin qui substitue l’exécution sommaire du gangster - subitement devenu lâche et terrifié - à son jugement).