Je
m'appelle de Stéphane
Elmadjan
Durée : 17 min
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Synopsis
: "Mon père disait que la liberté n'a pas de prix.
Il se trompait. Non seulement tu la payes au prix fort, mais
en plus elle n'existe que pour ceux qui te la vendent."
Points de vue : Je
m'appelle est un court-métrage engagé. Ce qui n'est pas
très courant dans un monde cinématographique qui préfère traiter
des petits malaises amoureux que des grands problèmes de la
société. Cette entrée frontale dans le domaine du politique
constitue le principal atout du film de Stéphane Elmadjan.
Le réalisateur fait se succéder des portraits filmés de différents
acteurs, petits ou grands, de l'histoire mondiale. Il entrecoupe
ces mises en plans d'individus, de visages, par des photos
d'archives sur lesquelles il colle des sons de foules, de
manifestations. Cette suite d'images qui aurait pu donner
une impression de collage inintéressant se révèle en fait
être un formidable élément de réflexion sur la vision des
événements historiques ou des problèmes contemporains. En
effet, Stéphane Elmadjan montre que derrière la résistance
à la dictature d'Augusto Pinochet au Chili ou derrière la
précarité sociale il y a des hommes, des êtres qui respirent,
qui vivent, qui souffrent. Trop souvent, l'on parle dans des
discussions de salons de, par exemple, la nécessaire mise
aux normes économiques mondiales des entreprises françaises,
du caractère inéluctable des restructurations industrielles.
Mais derrière ce discours technocratique, qu'il soit justifié
ou non telle n'est pas la question, il existe des réalités
humaines qui devraient être pris en compte dans la réflexion
globale. Or, ce n'est malheureusement pas souvent le cas.
De même, les grandes révoltes populaires de ce siècle comme
à Tienanmen en 1989 sont le fruit d'individus qui se sont
levés contre l'oppression. L'image du jeune chinois stoppant
une colonne de chars ses sacs de courses à la main a fait
le tour de la planète. En citant les noms de ces hommes, en
les appelant comme on appelle des personnalités qu'on décore
de la Légion d'honneur, le court-métrage de Stéphane Elmadjan
donne un visage aux problèmes du monde et rend hommage à ces
anonymes qui font l'histoire. Renforcé dans son propos par
un montage de grande qualité et par la voix magnifique de
Féodor Atkine, acteur d'ailleurs sous-employé, Je m'appelle
exprime une fonction du cinéma tout aussi importante que celle
consistant à faire rêver les spectateurs avec de jolies histoires
poétiques : celle d'arrêter le flot d'images qui se déverse
de manière ininterrompue devant nos yeux blasés et de faire
réfléchir sur leur signification historique, éthique, esthétique
ou philosophique.
Réalisation : Stéphane Elmadjan
Scénario : Stéphane Elmadjan, Jean-Rémi François
Casting : L'homme : Michel Debrane
Chef opérateur : Hugues Poulain
Costumes : Aurélia Paumelle
Décors : Armelle Demange
Mixage son : Adam Wolny
Montage : Loïc Jaspard
Montage son : Tristan Essyad, River Chatron
Voix-off : Féodor Atkine
Production : Lardux Films
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Loup ! de Zoé Galeron
Durée : 20 min 30
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Synopsis
: Ferdinand est photographe. Il se rend dans une petite
station balnéaire pour faire des clichés du mariage de Lucie.
Lucie et Ferdinand sont rapidement attirés l'un par l'autre.
Chacun a son secret. Lucie est enceinte et Ferdinand... est
un Ogre.
Points de vue : Depuis
L'emploi du temps de Laurent Cantet, Aurélien Recoing
s'est taillé une place à part dans le cinéma français. L'acteur
fait en effet partie de ces rares comédiens hexagonaux a pouvoir
foutre les chocottes à n'importe qui, même aux plus blasés
de la peur d'entre nous. Dans le film de Laurent Cantet, en
une scène, celle où il rentre chez lui et où l'on craint fortement
qu'il ne trucide femme et enfants, Aurélien Recoing vous fait
littéralement rentrer dans le fauteuil. Tout le côté monstrueux
de l'humanité passe dans son regard, dans ses yeux, sa bouche.
Alors forcément lorsque Zoé Galeron s'est attaché les services
de ce maître ès attitude flippante, elle a rendu le meilleur
des services à son film. Car Loup ! est un court-métrage
qui cherche à faire peur. Aurélien Recoing incarne le personnage
de Ferdinand, moitié photographe, moitié ogre. Ce dernier
est parfaitement conscient de son appétit pour la chair fraîche,
et en particulier celle provenant de petits garçons ou de
petites filles. Alors, il lutte contre lui-même, un peu comme
les antihéros du Trouble every day de Claire Denis.
Mais tout comme eux, il y arrive moyen, plutôt mal en fait.
La fin ne peut donc être que tragique, et elle le sera. Un
petit garçon va passer à la casserole, bientôt rejoint dans
la mort par un ogre rejetant sa monstruosité. Entre-temps,
il sera tombé amoureux de la mariée dont lui le photographe
devait immortaliser l'union. Entre-temps, la mariée - une
Cécile de France étrangement transparente - sera tombé amoureuse
de lui, préférant son inhumanité criante à celle plus cachée,
mais toute aussi accablante d'un mari non désiré - vous comprenez
qu'on a un bébé en gestation dans son ventre il faut mieux
avoir un père de prévu croit-on dans les familles bourgeoises.
Mais tout cela ne change rien à l'affaire. Le destin ne tient
guère compte des péripéties intermédiaires, seul compte pour
lui son accomplissement. Tout cela pourrait être très intéressant,
mais ça ne l'est pas vraiment. Pourquoi ? Pas facile à dire.
Sûrement dans une certaine lourdeur dans la réalisation. Où
plutôt que de suggérer, plutôt que de s'appuyer sur le jeu
tout en retenue d'Aurélien Recoing, Zoé Galeron s'est fourvoyée
dans le démonstratif, le sur-explicatif.
Réalisation : Zoé Galeron
Scénario : Zoé Galeron
Casting : Le marié : Roland Menou, Le père
du marié : Jean Michel Nicollet, Ferdinand le photographe
: Aurélien Recoing, Lucie : Cécile de France
Chef opérateur : Olivier Bertrand
Costumes : Carole B. Thibault
Décors : Alexandre Lassen
Mixage son : Marc Doisne
Montage : Amrita David
Son direct : Jérôme Florenville
Son direct et montage son : Pierre André
Production : Balthazar Productions
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