Samedi
20 septembre 2003
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La deuxième journée de cette « parenthèse
enchantée » que va représenter finalement cette 51°
édition du festival de San Sebastian est d’une toute autre
envergure, par rapport à la journée précédente. Tout d’abord
parce que le rythme est pris. Notre première projection
a lieu à neuf heures du matin. Le thriller politique El
Misterio Galindez de Gerardo Herrero est une coproduction
américano-européenne ambitieuse, interprété entre autres
par Harvey Keitel, présent à la conférence de presse aux
côtés du scénariste, du réalisateur, de la productrice et
des acteurs espagnols du film.
Le réalisateur espagnol Gerardo Herrero qui a bien conscience
qu’il s’adresse à la presse basque très concernée par le
sujet du film, précisait en premier lieu que le « film
traite de l’impunité du pouvoir et de la nécessité de lutter
contre elle. » En déclarant que :« Si
nous en venons aux faits qui conduisirent au roman de Manolo
(le romancier Manuel Vazquez Montalban), il faut dire qu’ils
sont basés sur des faits réels véritablement contrastés.
Il y a beaucoup de preuves et nous avons tenté, à travers
celles-ci, d’imaginer ce qui avait pu se passer, mais nous
voulions montrer qu’il y a toujours des gouvernements impunis.
Douze personnes moururent pour avoir eu affaire à ce crime.
Je m’explique : Ils séquestrèrent Galindez à New York,
le ramenèrent à Saint Domingue, qui le mirent dans cet état.
Tout se passa là-bas. De même qu’il y a plein de gens condamnés
et dont la participation fut prouvée. Nous avons changé
les noms parce que encore aujourd’hui, nous risquions d’être
poursuivi en procès. Ces thèmes permettent de parler, mais
il faut en même temps savoir prendre de la distance. Ce
qu’il faut retenir de ce film, nous expliqua alors le
romancier, c’est bien l’éthique de la résistance qui
doit toujours être présente ». Enfin Harvey Keitel
concluait en soulignant que « El Misterio Galindez
rapproche une communauté d’horizons divers pour discuter
des découvertes et des scandales du pouvoir, et pour devenir
ainsi plus tolérants les uns avec les autres et travailler
pour cela. »
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Il est environ 13h quand nous décidons
d’aller jeter un œil sur le menu du Café de La Concha qui
offre une vue sur la plage très réjouissante. Avant de reprendre
le chemin des cinémas, cette halte gastronomique est aussi
l’occasion de reprendre notre casquette de touriste et de
profiter du spectacle de la mer qui nous fait les yeux doux.
Le soleil toujours au rendez-vous et l’eau archi-transparente
nous appelant de vive voix, nous profitons d’une petite
heure de plage avant de retourner sur les lieux du crime,
c’est-à-dire, guetter l’arrivée de Claude Chabrol et d’Isabelle
Huppert à l’hôtel Maria-Cristina, qui accueille les « estrellas »
traduisez « stars de cinéma » invitées par le
festival.
Il est 17h30 quand Claude Chabrol franchit le seuil de l’entrée
de l’hôtel, dont l’extérieur est assailli par les badauds
et photographes, tandis qu’en fond sonore une manifestation
du personnel de l’hôtel a lieu, à grands éclats de casseroles
et de cris indignés. C’est donc dans ce contexte un peu
surréaliste qu’Isabelle Huppert fait son entrée et comme
une petite souris file dans la chambre qu’on lui a assignée.
Ayant réussi à immortaliser l’événement, nous décidons de
filer pour voir Arven (L’héritage), le film danois
en compétition officielle, qui comme son titre l’indique
traite des difficultés qu’un héritage peut entraîner. C’est
surtout l’occasion de mettre en scène une belle exploration
tragique de la famille, de nos espoirs et des compromis
inévitables à accepter.