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Jour 3 : Un ascenseur avec James Ivory …

Le Divorce (c) D.R.

En matière de septième art, vous êtes très exigeants. Par conséquent vous avez très peu de maîtres : Cocteau, Visconti et Ivory sont ainsi vos trois chefs de file incontestés.

Or le festival de Deauville rendait hommage cette année à James Ivory. Hasards ou coïncidences, vous alliez même prendre votre ascenseur avec votre idole, maîtrisant avec difficulté votre émotion.   Deauville, championne des plannings impossibles, des conférences de presse écourtées, des interviews minutées dispense aussi ses moments de surprise. Retour sur cette journée clé.

Finalement la grand-messe du dimanche, c’était peut-être tout simplement la présentation du Divorce de James Ivory à la presse en début d’après-midi. Autour de James Ivory, les grands prêtres de cette cérémonie officiaient en les personnes de Thierry Lhermitte, Jean-Marc Barr, Leslie Caron, Melvil Poupaud, Samuel Labarthe et le producteur indien Ismaël Merchant.

Mais qui est James Ivory ? Je pense ici à une séquence de Chambre avec vue où le personnage principal retourne ses tableaux dans sa chambre d’hôtel, laissant apparaître un énorme point d’interrogation. Illusion du journaliste de cinéma type : « Peut-être pourrais-je tenter de percer le mystère ? »

En face de cette assemblée cinématographique particulièrement intéressante, se trouvait un journaliste visiblement anti-Ivory à mort et qui confessait, avant que celui-ci n’entre dans la pièce, n’en faire qu’une bouchée.

  James Ivory et James Ivory (c) Laetitia Heurteau

Effectivement notre joyeux trublion, après les premières questions de politesse passées, se précipita sur le micro et se tournant vers James Ivory, commença sa litanie : « Monsieur Ivory, je trouve que vous ne faites jamais de films réalistes, qui se passent dans la rue. Il faut vivre avec son temps, vous savez, et ne pas s’enfermer dans le passé qui est très ennuyeux. Pourquoi continuez vous à faire un cinéma poussiéreux ? » Evidemment, nous enjolivons un peu le discours de notre Che Guevara en herbe, qui avait alors tendance à s’embourber dans ses remarques. Le temps de la traduction écoulé, très dignement James Ivory fit remarquer à notre Thierry Ardisson du pauvre, que, s’il connaissait un peu mieux sa filmographie, il ne poserait pas ce genre de question. Il se rendrait compte en effet que James Ivory n’a pas uniquement tourné des films d’époques et qu’il a même commencé son métier en filmant la vie des rues en Inde, il y a quarante ans avec des films comme : The Householder, Shakespeare Wallah, The Guru, Bombay Talkie« Oui mais ça se passait en Inde et on s’en fout, nous de ce qui se passait en Inde ! », rétorque notre journaliste suicidaire.

« J’ai également tourné des films sur notre civilisation occidentale contemporaine notamment dans Slaves of New York (1989), lui répond James Ivory, visiblement adepte, à l’instar de ses personnages, du « don’t show your feelings ».

De guerre lasse, notre journaliste rebelle, ayant tenté au passage d’envoyer une pique à Thierry Lhermitte délaisse enfin le micro aux autres journalistes qui s’empressent de poser d’autres questions afin que le malaise occasionné se dissipe rapidement.