Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     



 

 

 

 

 
  Yasujiro Ozu (c) D.R.

Mais le clou du symposium, c'est la dernière intervention de Chris Fujiwara. Critique / théoricien qui monte en Amérique, ce « Japanese-American », dont les grands-parents immigrèrent du Japon aux USA dans les années 10, découvrait lui aussi ce pays pour la première fois, bien que le cinéma l'avait beaucoup aidé a comprendre le Japon, surtout ceux d'Ozu. Puisque M.Hasumi n'avait ni daigné ou ni trouvé de critiques japonais de la même génération que Fujiwara, celui-ci allait devoir porter deux casquettes. Tâche impossible. Cela dit, rappelons que figuraient aussi durant ces deux journées Kiyoshi Kurosawa et Shinji Aoyama, qui suivirent les cours et conférences de M.Hasumi, qu'ils collaborèrent tous ensemble à l'édition des Cahiers du Cinéma Japon, que les seuls critiques Français invités étaient des Cahiers, que Hasumi lui-même avait écrit dans un numéro des Cahiers, à Paris, un petit texte sur le film - hommage que tournait Hou Hsiao Hsien à Tokyo, dans lequel il jouait un rôle de figuration... On continue ? Chris Fujiwara avait publié un livre sur/sous-théorique sur Jacques Tourneur, à l'image d'ailleurs du livre de Shigehiko Hasumi sur Ozu, des ouvrages au regard minutieux, précis, mais dont les thèses, les enjeux théoriques peinent à convaincre. Fujiwara, de toute évidence, ne maîtrise pas Skorecki... Mais son discours se situe ailleurs, davantage dans une démarche qui rappelle celle de Kent Jones, et donc forcément Martin Scorsese, celle d'un passeur, d'un guide inspiré.  Fujiwara, pour remercier son hôte, s'arrêtera sur l'évolution de la pensée de Hasumi à l'égard d'Ozu. Tout d'abord la représentation pure d'un cinéma japonais, à travers les chapitres consacrés à la maison japonaise, l'escalier séparant les étages, puis aux repas qui distinguent les personnages, tofu et porc panné, Hasumi en venant à dire qu'il était peut-être le moins japonais de tous les grands maîtres, à la lumière de l'impact international de son œuvre, ce que confirmaient les cinéastes étrangers.

Le cinéaste Shinichiro Sawai s'était longuement arrêté sur le découpage chez Ozu, le champ contre champ, raccords qui ne sont pas dans l'axe, etc. Fujiwara y revient, en haussant la mise, stratégie très prisée par les collègues Américains lors de colloques. Selon lui, Ozu est non seulement le moins Japonais des grands réalisateurs, mais aussi le moins universel car toute son esthétique porte les traces de l'étrange, d'une fausse symétrie, de déséquilibres subtils qui rendent ses films inquiétants. Fujiwara l'avoue : Ozu fait peur ! Enfin, il quittera la scène en offrant qu'il se souviendra de Tokyo comme de la ville où les gens aiment Ozu. En voila un qui n'est pas venu pour rien.