Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     



 

 

 

 

 
Les films retenus dans les compétitions

Même si, comme nous l'avons vu, le peu d'éclectisme de cette programmation est regrettable, il n'en reste pas moins que plusieurs films peuvent sans conteste être qualifié de « petits bijoux ». Ainsi Les coquilles de Nathalie Boutefeu (36//2003-France), fable presque réelle d'une petite fille qui, pour voir ses parents se reparler après leur divorce, avale des kilos de coquilles d’œufs puisque - paraît-il - « ça fait qu'on attrape l'appendicite ». Nathalie Boutefeu signe là son deuxième court métrage et fait preuve d'une tendresse extraordinaire envers le monde de l'enfance qu'elle dépeint avec beaucoup de pudeur, mais aussi de malice.

Anolit (c) D.R.

Remarquons également Hymne à la gazelle de Stéphanie Duvivier, probablement le plus beau scénario du festival. Une femme d'une cinquantaine d'année, cantonnée dans un rôle d'"épouse-Moulinex" peu épanouissant, renaît lorsque, coincée dans un bar minable, tard la nuit, elle rencontre un homme plutôt louche qui vraisemblablement sort de prison. Et pourtant, remettant en cause ses principes, son quotidien, elle se donnera à lui le temps d'une nuit, découvrira le plaisir et la folie. L'idylle se termine au petit jour, quand chacun repart chez soi, avec un petit quelque chose en plus au fond du cœur, une expérience inédite dans son bagage. 

Il nous faut également parler d'Anolit de Stefan Faldbakken (25'/2003 - Norvège). Un jeune homme, perdu dans une région déserte de la Norvège, dans un quotidien morne et répétitif, se prépare à l'enterrement de son père. La veille, il rencontre une jeune auto-stoppeuse. Très vite, les deux jeunes gens se retrouvent dans le même lit. Enfin presque, car au moment fatidique, lui comprend que celle qu'il allait aimer n'est autre que... sa sœur. Situation absurde, mais qui en entraîne bien d'autres. Y a-t-il d'autres enfants issus de ce père si peu connu ? La fraîcheur caractéristique du cinéma des pays scandinaves vient encore plus troubler le spectateur : beauté des lumières la nuit se reflétant sur l'asphalte, retenue dans le jeu des acteurs qui donnent encore plus corps aux personnages…

  John Og Mia (c) D.R.

Egalement John Og Mia (John et Mia) de Christian Bjarke Dyekjaer (25'/2002 - Danemark). Un routier de cinquante ans, amateur de vidéos hot, découvre avec stupeur que sa fille est devenue actrice de porno. Dilemme : aborder le sujet serait admettre son propre vice. Et pourtant, comment y couper ? Finalement, le père surprend sa fille en plein tournage, mais il est vite rembarré par ses « gardes du corps ». Il ne lui reste plus qu'à se retrancher chez lui et à vivre comme il l'a toujours fait : seul, sur la route la plupart du temps, fleurissant la tombe de son épouse quand il revient. Jusqu'au jour où, enfin, le dialogue, rompu depuis longtemps, se rétablit entre le père et la fille. Un sujet original, traité sans longueurs, sans psychologie trop pompeuse. Ici encore, le charme du cinéma du Nord de l’Europe fait son effet, cette fantastique capacité à rendre beaux les gens humains et faillibles.

Enfin soulignons la présence peu remarquée de The Water Fight de Norah Mc Gettigan (16'/2003 - Pologne), tourné en Ecosse. L'histoire n'a que peu d'importance (un jeune garçon, qui passe quelques jours chez sa sœur, dans la campagne écossaise, se lie d'amitié avec un pêcheur austère et peu abordable). Non, ce qui compte dans ce film, c'est l'interaction profonde entre les personnages et le milieu dans lequel ils évoluent. Superbe peinture de ces êtres qui, soumis à tous les vents au sens propre, se forgent un caractère dur, froid, fort, qu'ils faut savoir décortiquer. Le travail sur la photographie est également très bon, renforçant cet aspect marin, bleu, limpide, celle de la présence du pêcheur.