Avec
une heure de retard, le train arrive gare Saint-Charles
dans un grand soleil, alors qu'à Paris le ciel pleurait
à froides larmes. Julie, bénévole sur le Festival et aspirante
régisseuse dans la vie, est en bout de quai pour diriger
le retardataire vers Aubagne. Premier contact automobile
avec la ville qui accueille ce Festival dédié à la musique
de film et à la jeune création. Impression étrange d'une
cité comme posée à la périphérie de Marseille, en bordure
d'une autoroute tout ce qu'il y a plus laide, avec en fond
des montagnes tout ce qu'il y a de plus belles. Vient ensuite
un déjeuner convivial bien que frigorifiant à cause d'un
mistral fort et glacé au Café des Arts avec pour principale
compagnie Manon Ouellette, attachée de presse du Festival,
et Alain Lynch, affichiste tout aussi sympathique que sa
voisine de couverts. Une fois rassasié, direction l'hôtel.
Aubagne doit être une sorte d'exception française, puisque
aucun hôtel ne s'est implanté en centre-ville. On en trouve
seulement dans les villages environnants. Ce qui ne va pas
se révéler très pratique dans les jours qui vont suivre
!
L'hôtel est charmant avec une chambre
qui donne sur un paysage montagneux somptueux. Frôlant ce
relief, des canadairs quadrillent le ciel pour empêcher
que les incendies dévastateurs de l'été ne se prolongent
en ce début d'automne. À 18 heures, il est temps de descendre
dans la cour pour attendre la navette. Sur l'avancée goudronnée
balayée par un vent violent et de plus en plus glacial,
deux jeunes femmes patientent visiblement pour la même raison.
Sabrina Chabanon est scénariste, elle a écrit un court-métrage
intitulé Maman... au magasin. Chrystelle Leroy est
actrice, ou du moins essaie de l'être. Les deux espèrent
faire des rencontres, tisser des liens avec différents professionnels
de la profession pour faire avancer leur projet personnel.
Tout au long du Festival elles serviront de points de repère
toujours affables et souriants à un journaliste perclus
de timidité, maladie comportementale aux symptômes encore
renforcés par une évolution en terrain que très partiellement
connu.
19 heures 30. La navette arrive à l'Espace Bras d'Or, centre
névralgique du festival où se déroule le vernissage de la
très intéressante et très rare - la dernière présentation
d'affiches d'une telle ampleur remonte au milieu des années
80 - exposition “ Les affiches des Cinés ”,
mise en place par le déjà cité Alain Lynch. Les notables
de la ville sont présents, dont le maire Daniel Fontaine.
Entre deux toasts, ils vadrouillent entre les œuvres de
Léo Kouper, Gilbert Raffin, Michel Landi, Yves Prince, du
tandem Lynch-Guillottin et de quelques autres. Les responsables
du festival profitent de l'occasion pour présenter rapidement
le programme des trois jours à venir avant de rediriger
tout ce beau monde vers le cinéma Le Pagnol, situé à quelques
centaines de mètres de là.