Réveil assez matinal. Sabrina et Chrystelle
sont déjà en bas. L'œil brillant de sommeil. La navette est
en retard. Appel au Bras d'Or pour qu'ils envoient quelqu'un.
Après quelques minutes passées à tenter de rétablir les connections
entre des neurones apathiques, un mini-bus blanc arrive enfin
sur le parking de l'hôtel. Arrivée au Bras d'Or. Petit-déjeuner
pris à toute petite vitesse, étant donné que rien n'est prévu
pour la matinée. Un débat était prévu à 10h30 entre les affichistes
et le public aubagnais, mais personne n'a daigné se déplacer
pour un sujet pourtant passionnant. Pas même les scolaires
prévus à l'origine. Déception générale. Charly vient rejoindre
la petite troupe de gastronomes du matin qui s'est formée
dans un coin de la salle. La discussion qui a lancé la veille
sur la place des handicapés dans le cinéma reprend de plus
belle et s'avère toujours aussi intéressante. Charly parle
d'un projet de scénario. Sabrina est intéressée, sort son
carnet et commence à noter les idées de ce petit bonhomme
énergique, l'un des fondateurs du Festival d'Aubagne.
Sur les conseils toujours très bons de Manon Ouellette (l'attachée
de presse du festival pour ceux qui ont du mal à suivre),
rencontre avec deux membres du collectif Terra Incognita
qui errent dans les environs. En 1999, à Angoulême, Yann Marquis
et Arnaud Roy ont fondé avec quelques amis une structure indépendante
mêlant création musicale et réalisation expérimentale. Aujourd'hui,
le collectif a quitté Angoulême pour Poitiers et a créé depuis
cet été une antenne à Aubagne en liaison avec le département
images et son de l'Université de Provence dirigé par Jacques
Sapiéga, en outre président du Festival International d'Aubagne.
Parallèlement, les membres de Terra Incognita ont monté
en janvier dernier aux Lilas une SARL de création sonore,
Les Points sonneurs, qui compose des musiques pour
des salons institutionnels, des jeux vidéos ou des longs métrages.
Bref, tout un réseau à l'organisation encore fragile car peu
soutenue. Jeudi, leur court-métrage Sauvage dans la ville
sera projeté au terme de la remise des prix du Sirar.
À voir.
Changement d'environnement. Au revoir
les jeunes débutants pour retrouver de plus ou moins vieux
professionnels. Les membres du jury du court déjeunent au
Café des Arts avant de commencer leur petit parcours critique.
Manon Ouellette, l'attachée de presse pour ceux qui s'échinent
à ne pas vouloir suivre, introduit le petit journaliste auprès
de Stéfano Cassetti - il est adorable et avenant - et de Serge
Riaboukine - un peu plus distant et bougon. Rendez-vous est
pris avec ces deux acteurs pour une petite interview. À ce
repas, outre les cibles journalistiques qu'il fallait absolument
atteindre pour rentabiliser cette expédition en région PACA,
un premier contact se tisse avec Jocelyne Leclerc, attachée
territoriale de conservation du patrimoine au Musée départemental
Albert-Kahn, et Robert Weiss, réalisateur de documentaires.
Ce couple est charmant, et par la suite aura toujours un sourire
ou un petit mot gentil pour un jeune homme quand même bien
envahissant.
Voici venue l'heure de la projection du premier des sept programmes
de courts métrages. Sur les huit films proposés, trois se
détachent du lot. La femme papillon de Virginie Bourdin
disperse avec talent quelques grammes de poésie. Le portefeuille
de Vincent Bierrewaerts propose une démarche probabiliste
- et si l'on faisait telle chose au lieu de telle autre quelles
seraient les conséquences futures cette petite variation ?
- avec une bonne dose d'inventivité graphique. Et enfin, pour
finir par le meilleur, L'homme sans tête de Juan Solanas
déroule un univers fantastique assez éblouissant, un peu à
la H.G. Wells, mais pas vraiment. Dans un petit rôle, retrouvailles
avec Christophe Botti, premier prix l'année dernière du Marathon
d'écriture du Festival des scénaristes. Ces artistes complets
sont d'un énervant ! Combien de plébéiens du talent suent
sang et eau pour arriver à maîtriser une seule discipline
!